Syndrome d’apnées du sommeil: Les hommes sont plus concernés que les femmes jusqu’à la menopause

Nous faisons tous quelques pauses respiratoires durant le sommeil sans que cela n’entraîne de trouble. Mais quand leur nombre et leur durée sont anormalement élevés, on parle du syndrome d’apnées du sommeil (SAS) qui est un ensemble de signes en rapport avec des pauses respiratoires, appelés apnées, ou des diminutions du flux respiratoire, dites hypopnées. Le SAS est lié à la fermeture inopportune ou au rétrécissement excessif du pharynx pendant le sommeil. Ses causes sont diverses, mais le plus souvent, elles sont de nature obstructive. Nous parlons alors de syndrome d’apnées obstructives du sommeil ou SAOS. Découvrons les causes et les manifestations de ce syndrome avec notre spécialiste des troubles respiratoires liés au sommeil, le Dr Abdoul Risgou Ouédraogo, pneumologue au CHU de Tengandogo.

Quelles peuvent être les causes de l’apnée du sommeil?

Plusieurs éléments peuvent être la cause initiale d’un SAS. Ils influent soit directement sur la taille de l’hypopharynx, soit sur les muscles respiratoires. Les principaux facteurs de risques sont:

– Le tabac qui augmente l’inflammation dans le pharynx et réduit sa taille;
– Le poids: un surpoids ou une obésité est associé avec une accumulation de graisse dans le cou qui pèse sur les voies aériennes supérieures. En plus, une obésité abdominale augmente le travail du diaphragme, ce qui rend la respiration plus difficile;
– Les somnifères: certains médicaments contre la douleur ou les contractures et l’alcool causent un relâchement des muscles qui maintiennent les voies aériennes supérieures ouvertes et diminuent l’activité cérébrale de la respiration, ce qui va favoriser les apnées;
– Il existe des anomalies oto-rhino-laryngologiques (ORL) qui peuvent rétrécir le calibre des voies aériennes (un allongement de la luette, de grosses amygdales, une base de la langue élargie et des anomalies liées à des problèmes d’articulé dentaire).

Chez les enfants, la cause principale d’apnées du sommeil est l’existence de grosses amygdales et végétations qui bloquent l’arrivée de l’air.
Il existe également certains facteurs d’origine génétique ou familiale qui peuvent entraîner un SAS.

Qui est concerné?

La population concernée est principalement masculine et les femmes sont plutôt épargnées jusqu’à la menopause. Au délà, la fréquence du SAS dans la population feminine rejoint progressivement celle des hommes.
Une personne typique avec un SAS est un homme de cinquante ans et plus, en surpoids ou obèse. Mais cela est une caricature, car le SAS peut toucher toutes les tranches d’âge et survenir en l’absence de surpoids.

Comment il se manifeste ?

Les symptômes sont de plusieurs ordres:

Durant la nuit: 

– Un réveil en sursaut accompagné d’un sentiment d’étouffement et d’une accélération des battements du coeur avec des sueurs;
– Un besoin répété de vous lever pour uriner (nycturie);
– Des ronflement qui gênent la personne avec qui vous dormez;
– Un sommeil agité, entrecoupé de micro-éveils dont vous n’avez pas conscience mais qui vont empêcher vos cycles de sommeil de se faire correctement.

Dans la journée (les symptômes sont liés à la coupure repetitive du sommeil):

– Une somnolence: vous avez envie de dormir et vous luttez pour rester éveillé(e). En cas de somnolence importante, si votre travail nécessite de la vigilance et une attention soutenue (comme la conduite) les risques d’accidents sont très élevés.
– Une asthénie: vous êtes fatigué(e) et vous avez l’impression de manquer d’énergie;
– Une irritabilité et une tendance à vous énerver;
– Des maux de tête matinaux;
– Une baisse de la libido.

Est-ce fréquent dans nos contrées?

La médecine du sommeil reste un champ encore mal exploré au Burkina Faso. Le SAS est relativement méconnu aussi bien par une partie des agents de santé que par la population. Il reste sous diagnostiqué. Dans des études réalisées au Burkina Faso, les symptômes évocateurs du syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) représentaient 5,9 % des motifs de consultation dans le service de pneumologie. Actuellement, selon les études épidémiologiques, 5 à 10% de la population adulte des pays occidentaux présenterait un SAS.

Madina Belemviré

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