Fermons les portes du silence : VIH et sexualité des femmes transgenres au Burkina Faso

Une étude bio-comportementale récemment menée par l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS) à Ouagadougou, commanditée par le Secrétariat Permanent du Conseil National de Lutte contre le Sida et les IST (SP/CNLS-IST) et financée par le Fonds mondial, a révélé des résultats inquiétants concernant la santé des femmes transgenres au Burkina Faso. Ce rapport, le premier du genre dans le pays, met en lumière la séroprévalence élevée du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST) parmi cette population vulnérable.

Dans les deux grandes villes, Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, l’étude a interrogé des femmes transgenres, définies comme des personnes nées de sexe masculin, mais qui ne s’identifient pas comme des hommes. Les résultats sont inquiétants : près d’une femme transgenre sur trois est infectée par le VIH, avec une prévalence de 33,6 %, tandis que 5,1 % d’entre elles sont atteintes de syphilis. En comparaison, la prévalence de l’hépatite B s’élève à 7,6 %, un chiffre similaire à celui observé dans la population générale.

L’étude souligne également la méconnaissance des femmes transgenres sur leur statut sérologique, car seulement 39 % d’entre elles vivant avec le VIH savent qu’elles sont positives. Moins d’un tiers des participantes bénéficient des interventions communautaires de prévention du VIH, et la majorité d’entre elles ne connaissent même pas les options de traitement disponibles, comme la prophylaxie pré-exposition (PrEP). Par ailleurs, les comportements sexuels à risque sont fréquents, avec 67,7 % des participantes ayant eu des rapports sexuels anaux réceptifs non protégés.

Les résultats mettent en évidence des disparités selon l’âge : la prévalence du VIH atteint 51,7 % chez les femmes transgenres de plus de 25 ans, contre 27,7 % chez celles âgées de 18 à 24 ans. De même, la syphilis active est présente chez 14,2 % des femmes de plus de 25 ans, contre seulement 2,2 % chez les plus jeunes.

Un appel à l’action : l’urgence de mieux protéger la communauté transgenre

L’étude appelle à un changement immédiat dans les approches de prévention du VIH au sein de cette communauté. Les résultats montrent que moins d’un quart des femmes transgenres ont accès à un paquet complet de prévention contre le VIH. Ce constat alarmant exige une réponse rapide et adaptée des autorités sanitaires et des associations communautaires. Il est essentiel de renforcer les campagnes de sensibilisation ciblées sur les pratiques sexuelles à risque et de faciliter l’accès à des méthodes de prévention telles que la PrEP, les préservatifs, et le dépistage régulier.

Madina Belemviré

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