Accidents de la route : ces blessures qui bouleversent des vies
Fractures ouvertes, traumatismes crâniens, contusions internes… Les accidents de circulation routière (ACR) font chaque jour des ravages sur les routes, transformant des vies en quelques secondes. Derrière ces blessures se cachent des histoires de souffrance, de luttes médicales et de défis économiques pour les familles touchées.

Dans les services d’urgence, les fractures de la jambe arrivent en tête des blessures les plus fréquentes. Bien souvent ouvertes, elles posent un sérieux problème de prise en charge. « Leur gravité réside dans les risques d’infection et la complexité du traitement », explique le Dr G Joël Bonkian, Chef de service des Urgences Chirurgicales du CHU de Bogodogo. Les traumatismes crâniens et vertébro-médullaires figurent également parmi les blessures les plus graves. Ces lésions, souvent associées à d’autres blessures dans les cas de polytraumatisme, augmentent le risque de décès ou laissent des séquelles invalidantes à vie.
Les blessures maxillo-faciales présentent un autre défi selon le spécialiste. Il s’agit de la reconstruction esthétique. Une prise en charge inadéquate peut marquer les victimes à vie, au-delà des souffrances physiques. Quant aux contusions thoraco-abdominales, elles sont sournoises. Une contusion externe minime peut cacher des dégâts internes mortels si un traitement rapide et approprié n’est pas entrepris.
Au CHU de Bogodogo, renseigne Dr Bonkian, les statistiques parlent d’elles-mêmes. Les cas d’ACR admis en urgence sont passés de 4000 en 2019 à près de 6000 en 2023. Et ce chiffre ne reflète qu’une partie de la réalité selon le chirurgien orthopédiste-traumatologue, car il exclut les victimes arrivant en consultation après des complications du traitement traditionnel chez les rebouteux. En 2024, les traumatismes crâniens ont été responsables de 30 décès, ce qui témoigne de la gravité de ces blessures. Cependant, les décès sur les lieux de l’accident restent difficiles à quantifier dans les hôpitaux, car ils ne sont pas toujours recensés à l’hôpital. Ce manque de données précises masque l’ampleur réelle du problème et complique l’évaluation des véritables conséquences des accidents de la route.
Les jeunes hommes, surtout ceux âgés de 15 à 35 ans, sont les principales victimes. « Cette tranche d’âge combine mobilité élevée, imprudence et pression économique, ce qui les expose davantage », souligne le spécialiste. Pour les familles, les conséquences vont bien au-delà des blessures physiques. Perte de revenus, frais médicaux imprévus, arrêt d’activité pour s’occuper du blessé. Chaque accident devient une tragédie sociale et économique.
Face à ce tableau sombre, les mesures de prévention comme le port obligatoire du casque sont indispensables. « Le casque sauve des vies. C’est une évidence, et les usagers devraient l’adopter spontanément pour leur propre sécurité », plaide Dr Bonkian.
La prise en charge des blessés nécessite une collaboration étroite entre neurochirurgiens, orthopédistes-traumatologues, anesthésiste réanimateurs et autres spécialistes. De l’admission à l’hôpital jusqu’au bloc opératoire, cette synergie est cruciale pour limiter les séquelles et donner une chance aux victimes de retrouver une vie normale.
Dans un contexte où les accidents de la route ne cessent d’augmenter, la prévention reste la meilleure arme. Respecter les règles de sécurité, porter un casque, réduire les excès de vitesse. Ces gestes simples pourraient sauver des vies et épargner des familles de drames insoutenables.
Madina Belemviré