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CHU de Bogodogo : vingt kilos de fibrome retirés de l’utérus d’une patiente de 45 ans

Elle rêvait de devenir mère depuis plus de vingt ans. À force de croire aux prières, aux décoctions et aux médicaments de la rue, elle a laissé le temps faire son œuvre. Venue de Côte d’Ivoire pour se faire soigner au CHU de Bogodogo, cette femme de 45 ans a été opérée d’un utérus rempli de fibromes pesant vingt kilos. Une histoire bouleversante qui rappelle combien la foi, la peur et les remèdes de fortune retardent parfois la guérison.

Imaginez porter un bébé de trois kilos dans votre ventre pendant neuf mois. C’est déjà lourd. Maintenant, imaginez en porter vingt. Pas un bébé, non, mais des boules dures qui grossissent lentement, année après année, sans jamais s’arrêter. C’est ce qu’a vécu cette femme sans enfant, qui a fini par trouver refuge au CHU de Bogodogo après deux décennies d’attente et de souffrance.

Depuis plus de vingt ans, elle espérait devenir mère. Mais au fil du temps, les douleurs ont remplacé les rêves. Le ventre a gonflé, d’abord un peu, puis beaucoup, jusqu’à déformer sa silhouette. Elle a prié, bu des décoctions, essayé les médicaments qu’on lui conseillait, persuadée que la guérison viendrait autrement. Pendant tout ce temps, les fibromes continuaient de grandir, discrets mais implacables.

Quand elle arrive à Ouagadougou, les médecins découvrent une grosse masse abdominale et pelvienne, accompagnée de fortes douleurs dans un contexte d’infertilité ancienne. L’examen clinique et les bilans complémentaires confirment le diagnostic : un gros utérus polymyomateux, c’est-à-dire un utérus envahi par de nombreux fibromes. Ensemble, ils pèsent vingt kilos. C’est comme porter un enfant de six ans à l’intérieur de soi, jour et nuit.

Après plusieurs échanges, le choix a été fait. Il fallait retirer l’utérus pour la sauver. L’intervention, conduite par les équipes de gynécologie obstétrique et d’anesthésie du CHU de Bogodogo, sous la coordination du Dr Batonlma Edouard Sombié et du Dr Maxime Nakena, s’est bien déroulée.

Une hystérectomie a donc été pratiquée, emportant les fibromes et l’utérus devant l’impossibilité d’une myomectomie de conservation, c’est-à-dire une opération qui permet normalement de retirer les fibromes tout en préservant l’utérus pour maintenir la possibilité d’avoir des enfants.

Si cette intervention a scellé pour toujours l’infertilité de la patiente, elle a aussi permis de la libérer de plusieurs années de souffrance silencieuse.

Mais cette histoire médicale forte cache une réalité plus dure. Si elle avait pu consulter plus tôt, cette femme n’aurait peut-être pas perdu son utérus. Car dans son cas, les barrières n’étaient pas que médicales. La culture, la religion et la peur des opérations ont pesé lourd dans la balance. Elle croyait que la prière suffirait, que les plantes feraient le reste.

Le Dr Sombié, gynécologue obstétricien, le rappelle : « Ni les médicaments de la rue, ni les prières, ni les décoctions ne peuvent faire disparaître un fibrome. Le seul traitement efficace, c’est la chirurgie, quand elle est nécessaire. » Mais toutes les femmes porteuses de fibromes ne doivent pas forcément être opérées. L’essentiel, c’est de consulter à temps, avant que la maladie ne prenne le dessus.

Aujourd’hui, la patiente se remet doucement. Elle n’a peut-être pas eu l’enfant qu’elle espérait, mais elle a retrouvé la santé. Son histoire est un rappel. Refuser la myomectomie qui consiste à retirer uniquement les fibromes pour préserver l’utérus quand c’est encore possible, c’est donner carte blanche pour l’hystérectomie qui consiste à retirer tout l’utérus lorsque la maladie est trop avancée. Parce qu’un ventre peut cacher bien plus qu’une douleur, il peut aussi contenir le poids des croyances, des silences et des décisions retardées.

Madina Belemviré 

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