Lutte contre la drogue au Burkina : L’ONG « Revs plus » s’engage

La consommation de la drogue s’en va croissant au Burkina Faso, traînant avec elle une vague de répercussions sur la santé des consommateurs. Chaque année, ce sont une centaine de patients qui sont reçus dans les services hospitaliers pour consommation de drogue. Cela indique que les mesures au Burkina en termes de lutte contre ce mal comportent de fortes faiblesses. C’est dans cette optique que l’ONG « Revs plus » a organisé le 27 juillet 2022, un atelier de lutte contre la drogue. Cet atelier qui a réuni des parlementaires, des leaders religieux/coutumiers et des journalistes a été une tribune de discussions sur la nécessité de réformer les lois dans la lutte contre la drogue au Burkina.

La drogue est une substance qui a des effets sur le cerveau. Elle est nuisible pour la santé. Elle modifie les perceptions et le comportement de l’individu et est même susceptible de provoquer une toxicomanie

Au Burkina Faso, la drogue est en train de prendre des proportions inquiétantes. Durant ces dernières années, le Burkina Faso est passé du statut de pays de transit à une zone de production et de consommation massive de drogues.

Selon Martine Somda, présidente du conseil d’administration de l’ONG Rev+, « 78,11 tonnes de drogues ont été saisies par la Douane Burkinabè entre janvier et octobre 2021. Courant Mai 2022, une saisie record a été faite à Bobo Dioulasso de 115,158 kg de cocaïne en provenance de Sierra Leone en partance pour le Ghana. Le nombre de consommateurs lui aussi s’en va croissant. En 2017, la seule ville de Ouagadougou a enregistré 782 patients prises en charge pour consommation de drogue.

Une autre difficulté est que la juridiction Burkinabè en matière de drogue ne permet pas de lutter efficacement contre ce mal. En effet, la détention de drogue et par extension sa consommation, constitue un délit au Burkina. La pénalisation de la consommation de drogue, selon Martine Somda « fait que les gens sont dans l’ombre et ne vont pas vers les structures d’aides qui peuvent les accompagner. Ils le font par peur de représailles et du fait de la pénalisation. »

Pourtant, le conférencier et formateur Landry Ouédraogo a indiqué que les consommateurs des drogues sont avant tout des malades. Des êtres qui souffrent d’addiction vis-à-vis de cette substance toxique. « Par conséquent, les emprisonner dans cette situation ne résoudra aucunement la question. Ce sont les vendeurs de ces substances qui doivent être punis et non les consommateurs » a-t-il fait comprendre.

C’est pourquoi l’ONG Revs Plus a organisé cet atelier de sensibilisation et de plaidoyer auprès des parlementaires, des journalistes et leaders religieux/coutumiers afin d’insister sur la nécessité de réformer les lois pour lutter efficacement contre la drogue au Burkina Faso.

Mamoudou Ouédraogo, substitut du procureur au Tribunal de Grande instance Ouaga I, reconnaît qu’il y a quelques faiblesses au niveau de la juridiction en matière de lutte contre la drogue au Burkina. Ces faiblesses sont entre autres, l’absence de centre d’addictologie avec des unités décentralisées ou encore la non-classification du tramadol et d’autres substance comme étant des drogues.

C’est pour venir à bout de ces difficultés, qu’il propose l’adoption d’un cadre stratégique national, l’adoption d’un texte réglementaire sur l’injonction thérapeutique, la construction d’un centre d’addictologie avec des antennes régionales et le classement de certaines substances psychotropes comme le tramadol.

Les leaders coutumiers ainsi que les députés ont dit prendre note du contenu du présent séminaire et ont promis d’engager des actions afin de soutenir cette grande initiative.

Rachide Sow

 

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