Masochisme : quand on cherche la douleur pour se sentir bien
Le masochisme désigne une dynamique psychique où l’individu recherche du plaisir, du soulagement ou une forme d’apaisement dans la souffrance, qu’elle soit physique, psychique ou émotionnelle. Le terme, issu du nom de l’écrivain autrichien Sacher-Masoch, d’abord été associé à des pratiques sexuelles où douleur et humiliation sont sources de jouissance.

Mais cette dynamique dépasse le simple cadre érotique. Selon Jacques Lacan, le masochisme reflète un besoin inconscient de reconnaissance de la part de celui qui inflige la douleur, inscrivant ce comportement dans une logique relationnelle et identitaire complexe.
On distingue principalement deux formes :
Le masochisme érogène, à visée sexuelle et consciente ;
Le masochisme moral, plus subtil et inconscient, où la personne s’expose de manière répétée à des souffrances psychologiques (échecs, rejet, relations toxiques).
Le masochisme peut ainsi devenir un mode de fonctionnement, un schéma répétitif nourri par des conflits internes, des traumatismes passés ou une loyauté inconsciente envers des figures parentales. Dans ses formes les plus ancrées, il peut entraîner souffrance chronique, dépendance affective ou auto-sabotage, nécessitant un accompagnement psychothérapeutique.
En résumé, le masochisme n’est pas seulement “aimer souffrir”, mais une stratégie inconsciente pour gérer le manque, l’abandon, ou revivre.
Des exemples concrets ?
Une personne qui ne peut éprouver de plaisir sexuel que si elle est frappée, insultée ou humiliée.
Quelqu’un qui reste dans une relation toxique parce qu’il ou elle pense que la souffrance est une forme d’amour ou quelque chose de normal.
Une personne qui provoque exprès des situations où elle sera rejetée ou rabaissée, juste pour ressentir quelque chose, se sentir exister.
Mais il faut savoir que personne ne mérite de souffrir pour se sentir vivant ou aimé. En parler à un professionnel, c’est déjà un premier pas vers la guérison. Et ce pas, il compte vraiment.
Dr Boubacar BAGUE, psychiatre-addictologue