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Quand chercher de l’or détruit les reins : l’autre face cachée de l’orpaillage artisanal

À la recherche de quelques grammes d’or, les jeunes orpailleurs s’exposent à un cocktail toxique silencieux. Mercure, cyanure, plomb, or et même amphétamines. Sur les sites artisanaux, ces substances s’invitent dans le quotidien sans aucune protection. Conséquences? Une bombe à retardement pour les reins. Le service de néphrologie du CHU Yalgado l’a observé, les lésions rénales chez les orpailleurs sont bien réelles, et parfois irréversibles.

Dr Sati Ahmed Kadio, médecin néphrologue

Ils ont entre 18 et 35 ans, passent des heures sous le soleil, creusent, lavent, broient et espèrent trouver l’or qui changera leur vie. Mais ce qu’ils trouvent souvent, ce sont des maladies. Et parmi les plus sournoises, on a les atteintes rénales. Depuis quelques années, les néphrologues tirent la sonnette d’alarme. Le profil de certains patients atteints d’insuffisance rénale chronique a changé. « On voit arriver des jeunes orpailleurs avec des reins abîmés. Ils n’ont jamais été hypertendus ni diabétiques, mais ils présentent des lésions très avancées », confie le Dr Sati Ahmed Kadio, médecin néphrologue.

En cause ? Une exposition prolongée et sans protection à des substances hautement toxiques, explique le Dr Kadio. Le mercure, utilisé pour amalgamer l’or, pénètre la peau et s’accumule dans l’organisme. Le cyanure, parfois employé dans les procédés de lavage, est tout aussi dangereux. Sans parler du plomb contenu dans certains minerais. Ces métaux lourds, une fois dans le sang, s’attaquent aux reins, organes essentiels mais silencieux.

Et ce n’est pas tout. Sur les sites d’orpaillage, les amphétamines circulent facilement. Prises pour tenir debout plusieurs jours d’affilée sans dormir, elles stimulent, mais détruisent à petit feu. « Ces substances accélèrent la pression artérielle, déshydratent et provoquent des atteintes directes aux reins », explique le spécialiste. Ajoutez à cela un manque d’hydratation, l’usage d’anti-inflammatoires à répétition pour calmer les douleurs physiques, et un environnement poussiéreux et insalubre, le cocktail est explosif.

Le plus dramatique, c’est que les reins ne préviennent pas. Quand les premiers symptômes apparaissent (fatigue extrême, œdèmes, troubles urinaires), les dégâts sont souvent déjà importants. Et le traitement est lourd, voire inaccessible pour la plupart de ces jeunes. La dialyse, souvent nécessaire, même si elle est gratuite au Burkina, est coûteuse en termes de médicaments et d’examens aux frais du patient.

Face à cette réalité, les spécialistes plaident pour une approche préventive. « Il faut informer ces jeunes sur les risques, leur proposer des alternatives, réglementer les substances utilisées et imposer le port de protections », insiste le spécialiste des maladies rénales, car chercher de l’or ne devrait pas coûter deux reins.

Madina Belemviré

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