Mode : Chers parents, attention aux mèches qui abîment les cheveux des enfants
Samedi matin, dans les salons de quartier, les petites filles entrent en riant, les mamans discutent du prix des mèches et les coiffeuses s’activent entre peigne et téléphone. Mais derrière cette ambiance joyeuse, certains enfants souffrent en silence. Quand les tresses se resserrent, les visages se crispent et parfois les larmes remplacent les rires.

Autrefois, les tresses racontaient une histoire. Elles marquaient un âge, une tradition, un passage important. Aujourd’hui, elles suivent aussi la mode qui défile sur les écrans. Instagram, TikTok et YouTube font rêver les enfants avec des coiffures longues et parfaites. Les parents y trouvent souvent leur compte, car ces tresses tiennent plusieurs semaines, un vrai gain de temps dans des journées déjà bien remplies.
Mais la mode et la praticité ne doivent pas faire oublier la santé du cuir chevelu. La dermatologue vénérologue Dr P. Angèle Bienvenue Ouédraogo/ OUANGRE rappelle que les tresses sont un héritage culturel fort, mais qu’elles peuvent devenir un risque si elles sont trop serrées ou si les mèches utilisées ne sont pas adaptées. Ces mèches sont souvent faites de fibres synthétiques colorées avec des produits pouvant irriter la peau, provoquer des allergies ou des démangeaisons. Les coiffures très serrées, celles qui “tiennent bien”, tirent sur les racines et finissent par abîmer les cheveux. C’est un peu comme tirer doucement mais longtemps sur une corde, elle finit un jour par céder. Les dermatologues constatent de plus en plus de pertes de cheveux chez les enfants, surtout autour du front et des tempes.
L’entretien compte tout autant que la coiffure elle-même selon la spécialiste. Sous la chaleur, la poussière et la transpiration, un cuir chevelu enfermé sous des mèches mal entretenues peut vite devenir un nid de mauvaises odeurs, de démangeaisons et d’infections. Folliculites et furoncles impressionnent par leur nom, mais ce sont souvent ces petits boutons douloureux que les enfants grattent sans arrêt. Quand un enfant passe ses journées à se gratter la tête, ce n’est jamais un bon signe.
Certains signaux doivent alerter les parents avant que la situation ne s’aggrave. “Un enfant qui a mal à la tête juste après la coiffure, un visage tiré au point de changer d’expression, des rougeurs, des brûlures ou un inconfort qui persiste ne doivent pas être ignorés”, prévient Dr Ouédraogo. Quelques jours plus tard, des démangeaisons qui ne passent pas, des petits boutons ou une tête penchée sous le poids des mèches sont autant d’avertissements. Dans ces cas, la règle reste simple, on défait, on soulage et on protège.
La prévention commence par la douceur. Shampooings non agressifs, séchage modéré, brossage délicat, coiffures souples qui n’arrachent pas les racines. Les dermatologues, dont la Dr P. Angèle Bienvenue Ouédraogo/OUANGRE, saluent aussi l’arrêté pris en mars 2025 par les ministères de l’éducation. Ce texte encadre les coiffures autorisées dans les écoles pour les filles et les garçons. Il apporte plus de discipline, encourage l’uniformité et, surtout, protège la santé capillaire des enfants.
Avant de dire oui à la tresse tendance vue sur TikTok ou Instagram, pensez à la tête de votre enfant. Son cuir chevelu est fragile et mérite douceur. Une coiffure peut être belle sans faire mal, moderne sans arracher les cheveux. Les larmes et les démangeaisons ne devraient jamais être le prix à payer pour suivre la mode. Protéger la tête des enfants, c’est tresser leur avenir avec soin et amour.
Madina Belemviré

