Seins, tes.ticules: fini les concerts au micro, place aux mains qui palpent pour dépister
Il suffit de glisser que « sucer les seins prévient le cancer » pour voir certains hommes se métamorphoser. Langue dehors comme un varan en saison des pluies, sourire malin, prêts à sauver toutes les femmes du quartier. Sauf que la science dit non.
Il y a des phrases qui font bondir un homme plus vite qu’un pompier appelé à l’urgence.
Dis-lui « Viens sucer bonbon ». Il te regarde comme si tu l’avais insulté.
« Moi ? Sucer ? Est-ce que je suis un enfant ? »
Mais souffle-lui seulement: « Sucez les seins, ça prévient le cancer » et paf, le monsieur se transforme en pompier volontaire, prêt à offrir ses services bénévole. « Le même qui jurait qu’il n’est pas un enfant devient professeur agrégé en sucologie, prêt à “sauver des vies”. « Non, il faut qu’on aide les femmes hein. C’est juste pour la santé. »
Les femmes n’ont plus la paix. Un simple Salut sur WhatsApp, même pas le temps de demander si tu as mangé, il balance déjà « Tu veux que je t’aide à sauver ta vie ? »
Ah bon ? Vous ne gagnez rien dedans ? Quand madame se cambre comme un chat qu’on gratte derrière l’oreille, vous récoltez quoi ? Un diplôme d’humanitaire, vous trouvez aussi votre compte dedans, ça flatte votre égo.
La vérité, aucune étude n’a prouvé que sucer les seins protège du cancer. Les oncologues l’ont confirmé dans plusieurs publications, par exemple dans Husbands sucking wives’ breasts can’t prevent cancer. D’autres analyses ont aussi cassé ce mythe, comme Breast sucking and breast cancer separating fact from fiction (Prime Progress, 2023). Le seul facteur prouvé, c’est l’allaitement qui diminue un peu le risque selon une méta-analyse publiée dansLancet et non, messieurs, vos tétées d’adultes n’entrent pas dans les statistiques.
Ce qui sauve des vies, c’est PALPER. Le cancer du sein se cache, souvent sans douleur. La première alerte est une boule qu’on sent sous les doigts. Le Pr Charlemagne Ouédraogo, gynécologue obstétricien, le dit « Lorsque l’homme s’occupe bien des seins des femmes, il lui arrive de découvrir des modifications qui n’existaient pas la veille. Donc, les hommes participent au dépistage du cancer du sein à travers la palpation conjugale du sein. »
Les hommes, rangez donc vos langues de varan et sortez vos mains entières. Oui, pas juste un doigt timide hein. Ici on ne parle pas du doigté sexuel, celui où vous glissez un doigt dans le vagin pour donner du plaisir. Non. Ici on parle de prévention, les palper les seins avec les mains et détecter toute boule suspecte avant qu’il ne soit trop tard. Le cancer du sein commence souvent par une petite masse qu’on sent tôt, bien avant qu’elle ne fasse mal.
Même combat pour les testicules. Le cancer des testicules touche surtout les jeunes hommes entre 15 et 35 ans. Il peut commencer par une petite boule dure, un changement de taille ou de texture. Le Dr Boukari Kabré, urologue andrologue, le rappelle. Les testicules sont souvent considérés comme des joujoux pendant les jeux amoureux. Autant transformer ce jeu en geste de prévention. Les femmes peuvent repérer un changement et pousser monsieur à consulter sans tarder.
Mesdames, vous qui aimez aussi chanter au micro (fellation), ce fameux concert privé qu’on offre à monsieur pour lui faire plaisir, sachez que vos mains peuvent sauver des vies. Palpez les testicules de vos hommes, apprenez à les connaître. S’ils sont lisses et réguliers, parfait. Une boule, une dureté, un doute, et c’est médecin sans attendre.
Ici ce ne sont pas les bouches qui sauvent mais les mains. C’est un vrai featuring santé, mains des hommes et mains des femmes, un duo gagnant pour repérer (on le le souhaite pas), un cancer dès ses débuts avant qu’il ne s’installe en silence. Le plaisir peut continuer mais la prévention doit commencer.
Sucer amuse. Palper sauve. Et dans ce combat, les doigts curieux valent plus que les bouches motivées.
Madina Belemviré
