Nuits brûlantes : comment survivre au sommeil sous la canicule ?
La chaleur est un ennemi invisible du sommeil. Quand les températures grimpent, s’endormir devient un véritable parcours du combattant. On tourne, on se retourne, on cherche désespérément un coin frais sur l’oreiller…, et les minutes s’égrènent, transformant la nuit en supplice. Au Burkina Faso, où la saison chaude impose régulièrement des températures maximales de 42°C, et parfois plus selon les prévisions météorologiques, les nuits suffocantes sont un problème bien réel. Sans climatisation et avec des habitations qui emmagasinent la chaleur, comment éviter que la canicule ne vole nos heures de sommeil ?
Le Dr Dominique Zida, spécialiste du sommeil, l’explique clairement : « Le corps a besoin de baisser en température pour s’endormir. Quand l’air ambiant est trop chaud, cette régulation devient difficile, et le sommeil est perturbé. » Résultat, on met plus de temps à s’endormir, on se réveille plus souvent en pleine nuit, et le sommeil paradoxal, la phase des rêves, essentielle pour la mémoire et la gestion des émotions est raccourci.
Mais pas question de se résigner à passer des nuits blanches en attendant le retour des températures clémentes. Voici quelques stratégies de Dr Zida accessibles pour limiter l’impact de la chaleur sur le sommeil.
D’abord, l’hydratation est la clé. Boire suffisamment d’eau tout au long de la journée permet au corps de mieux réguler sa température. Attention toutefois aux boissons glacées juste avant de dormir : elles donnent une sensation de fraîcheur immédiate mais forcent le corps à produire de la chaleur pour compenser. Mieux vaut privilégier de l’eau tempérée ou une infusion fraîche.
Ensuite, adapter son environnement peut faire toute la différence. La journée, il faut empêcher la chaleur d’entrer. Fermer les volets et les rideaux pour garder l’intérieur plus frais, puis aérer dès que la température extérieure redescend. La nuit, un ventilateur peut aider, surtout si on place un linge humide devant pour rafraîchir l’air ambiant.
Le choix des vêtements et du linge de lit est aussi important. Les tissus synthétiques favorisent la transpiration et l’inconfort. Opter pour du coton léger et des draps en matières naturelles permet de mieux absorber l’humidité et de limiter la sensation d’étouffement.
Enfin, le mode de vie joue un rôle. Manger léger le soir évite à l’organisme de générer trop de chaleur pour la digestion. De même, une douche tiède (et non froide ) avant de se coucher aide à évacuer l’excès de chaleur corporelle sans déclencher une réaction de surchauffe.
Certaines populations, renseigne le spécialiste, sont plus vulnérables à ces nuits tropicales. Les personnes âgées, dont la thermorégulation est moins efficace, les enfants en bas âge et les travailleurs de nuit sont particulièrement exposés. Pour eux, des mesures adaptées comme humidifier légèrement l’air ou utiliser des serviettes fraîches peuvent être des solutions simples mais efficaces.
La chaleur nocturne est un défi croissant, d’autant que le changement climatique annonce des températures encore plus extrêmes dans les années à venir. Adapter nos habitudes dès maintenant, c’est non seulement mieux dormir aujourd’hui, mais aussi se préparer à un futur où les nuits fraîches deviendront un luxe.
Madina Belemviré