Fatigué(e) au réveil ? Votre sommeil essaie peut-être de vous dire quelque chose

Beaucoup font quelques arrêts respiratoires pendant leur sommeil sans le savoir. Mais lorsque ces pauses deviennent fréquentes et prolongées, il ne s’agit plus d’un simple incident de parcours. C’est un syndrome, bien réel, qui épuise le corps nuit après nuit. Le Pr Abdoul Risgou Ouédraogo, pneumologue au CHU de Tengandogo, nous éclaire sur cette affection encore méconnue au Burkina Faso : le syndrome d’apnées obstructives du sommeil.

Pr Abdoul Risgou Ouédraogo, pneumologue

 

La nuit tombe, les paupières se ferment, et tout semble paisible. Pourtant, derrière ce calme apparent, il arrive que la respiration s’interrompe. Une fois. Deux fois. Parfois des dizaines de fois. Et chaque interruption est une alarme silencieuse à laquelle le corps répond en sursaut, en sueur, ou simplement en se privant d’un repos réparateur.

C’est cela, le syndrome d’apnées du sommeil, ou SAS. Un trouble fréquent, mais encore largement ignoré, où les voies respiratoires supérieures se rétrécissent ou se ferment momentanément pendant le sommeil, empêchant l’air de circuler normalement.

Selon le Pr Abdoul Risgou Ouédraogo, les causes de ce syndrome sont nombreuses. Le tabac, l’obésité, la consommation d’alcool ou de somnifères affaiblissent les muscles chargés de maintenir les voies aériennes ouvertes. D’autres causes sont d’ordre anatomique, comme des amygdales volumineuses, une langue imposante ou encore certaines malformations dentaires. Chez l’enfant, ce sont souvent les végétations et les amygdales (petites glandes situées à l’arrière de la gorge) qui posent problème.

Si le profil typique du patient est un homme de plus de 50 ans, en surpoids, il ne faut pas s’y fier : le syndrome peut toucher les femmes, surtout après la ménopause, et même les enfants. La fatigue ne connaît pas de stéréotype.

Les signes sont parfois trompeurs : ronflements sonores, sueurs nocturnes, réveils brutaux, besoin fréquent d’uriner la nuit. Et le jour, une somnolence persistante, une fatigue inexpliquée, des maux de tête au réveil, une irritabilité inhabituelle, voire une baisse de la libido. Tous ces symptômes sont autant de drapeaux rouges que le corps agite discrètement.

Au Burkina Faso, la médecine du sommeil reste peu développée. Le syndrome d’apnées du sommeil est rarement diagnostiqué, même si une étude au service de pneumologie du CHU de Tengandogo a révélé que près de 6 % des patients consultaient pour des symptômes qui y faisaient penser. À l’échelle mondiale, on estime que 5 à 10 % des adultes pourraient être concernés.

Reconnaître les signes, en parler à un professionnel de santé, c’est déjà une première respiration vers un sommeil réparateur. Car bien dormir, ce n’est pas un luxe. C’est une nécessité.

Madina Belemviré

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