Sous la couette, quand l’envie s’efface et que la frustration s’installe

Quand le plaisir s’efface et que l’envie déserte le lit, la frustration sexuelle s’installe, souvent en silence. Yempari Clément Lankoandé, psychologue-clinicien, nous aide à comprendre cette bombe émotionnelle… et surtout comment éviter qu’elle explose.

Sous les draps, tout n’est pas toujours aussi beau que dans les films d’amour. Loin des scènes parfaites et des câlins magiques, il arrive que l’envie s’évanouisse, que le désir s’enfuit, et qu’on se retrouve avec un drôle de goût amer. C’est là que naît la frustration sexuelle, un mélange d’insatisfaction, de colère, de tristesse et de rêves restés en plan.

Ah, la sexualité. Ce terrain de jeux où l’on espère marquer des buts sans se retrouver en hors-jeu. Sauf que parfois, le match tourne au fiasco. Chez les hommes, ça commence souvent par un pénis en mode paresseux. Il préfère faire la sieste plutôt que d’aller bosser. Pas d’érection, ou une érection molle comme un spaghetti trop cuit. Résultat, monsieur devient grincheux, se vexe, fait la tête.

Clément Lankoandé, psychologue clinicien, explique que l’une des grandes causes de cette frustration, c’est la pression de la performance. Ce poids invisible qui pousse à croire que  l’acte sexuel doit être réussi comme un examen d’entrée à l’université du plaisir. Plus on veut « réussir », plus l’angoisse monte, plus le corps se crispe et plus l’échec est au rendez-vous.

Mais il n’est pas le seul à en souffrir. Quand les choses tournent court, la partenaire peut rester sur sa faim, privée de plaisir, avec ce goût amer de l’inachevé. La non-performance masculine devient alors aussi une source de frustration pour madame.

Mais ce n’est pas la seule cause, car la frustration sexuelle peut s’installer, même sans panne masculine. Après la ménopause par exemple, certaines voient leur envie filer à toute vitesse. Moins de lubrification, des rapports qui deviennent aussi inconfortables qu’un frottement de papier de verre. Bonjour l’inconfort, adieu les câlins détendus. Et parfois, pas besoin d’attendre la ménopause pour que la lassitude s’invite sous la couette. Fatigue, stress, charge mentale, certaines femmes ressentent un désintérêt constant pour les câlins, même quand leur chéri tente son plus beau déhanché. Pas d’étincelles, pas de frissons, juste l’envie de tirer la couverture sur la tête et de faire semblant de dormir.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, autant chez les hommes que les femmes, les disputes de couple, les soucis de santé, et cette fameuse routine qui endort doucement le désir viennent s’ajouter. Après une journée à courir partout, à régler mille problèmes, il faut encore trouver l’énergie de séduire ? C’est comme demander à une éponge déjà sèche de sortir encore un peu d’eau. Sans oublier les petites piques du quotidien :  « Tu laisses traîner tes chaussettes », « Ta mère m’énerve »… De petites phrases qui, sans qu’on s’en rende compte, plantent des épines dans le lit conjugal. La frustration s’installe, s’accumule, et plombe l’ambiance.

Pour Clément Lankoandé, il  faut oser parler. « Exprimer ce qu’on ressent, sans accuser, sans se juger, avec bienveillance pour soi et pour l’autre », conseille-t-il.

Un rendez-vous manqué sous la couette ? Ce n’est pas grave. L’amour, ce n’est pas une épreuve à réussir à tout prix. C’est un chemin à parcourir ensemble, avec patience, tendresse, et quelques éclats de rire. Alors ce soir, plutôt que de bouder votre corps ou celui de l’autre, souriez. Le désir aime qu’on le traite avec douceur. Et il reviendra parfois juste quand on s’y attend le moins.

Madina Belemviré

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