Quand naître ne suffit pas : plaidoyer pour la survie des nouveau-nés en Afrique
À l’occasion de la Journée mondiale de la santé, un webinaire a réuni journalistes et experts autour d’un fléau silencieux : la mortalité néonatale en Afrique de l’Ouest et du Centre. Un échange important porté par le REMAPSEN et l’UNICEF, pour rappeler qu’un nouveau-né sur dix pourrait vivre si les soins élémentaires étaient garantis.
Ce 17 avril, pas besoin de se déplacer, les visages s’affichaient en ligne. Mais malgré la distance, l’urgence de sauver des vies néonatales résonnait avec force. À l’initiative du Réseau de médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN), en collaboration avec l’UNICEF, un webinaire régional s’est tenu sur un sujet qui ne fait que trop peu la une, à savoir la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants.
Plus de 75 journalistes de 34 pays africains, ont prêté l’oreille à des données glaçantes. Dans la région, près de 40 % des décès d’enfants de moins de 5 ans surviennent avant le 28e jour de vie. Et pourtant, selon le Dr Tomomi Kitamura, spécialiste de la santé maternelle et infantile à l’UNICEF, « 90 % de ces décès sont évitables. » Ce chiffre, simple en apparence, est une gifle pour les consciences.
Paludisme, infections respiratoires, diarrhée, prématurité. Ce sont les principales menaces qui emportent trop tôt les nouveau-nés en Afrique de l’Ouest et du Centre. Pourtant, les solutions existent et sont connues. Encore faut-il que les systèmes de santé puissent les appliquer. Car sur le terrain, la réalité est tout autre : structures mal équipées, manque criard de personnel, soins souvent inaccessibles surtout dans les zones les plus reculées.
C’est pourquoi les experts présents au webinaire ont insisté sur les gestes simples mais salvateurs. Pour la Professeure Mariam Sylla, pédiatre au Mali, l’allaitement maternel exclusif est une arme puissante, trop souvent négligée, contre la mortalité néonatale. Le Professeur Faye Moctar, du Sénégal, a quant à lui défendu les soins dits « kangourou », une méthode humaine et efficace, où la chaleur du corps de la mère remplace les couveuses absentes.

Pr Faye Moctar, vice-président de l’association néonatale Africaine
Le webinaire n’était pas qu’un partage de données. C’était un appel à l’action. Car si les professionnels de santé sont en première ligne, les journalistes, eux, sont les amplificateurs. C’est sur leurs claviers que naissent les débats publics. C’est par leurs micros que passent les prises de conscience.
En clôturant la rencontre, le Président du REMAPSEN, Bamba Youssouf, a lancé un défi clair aux médias africains : ne pas se contenter de relayer, mais s’engager. Pour que demain, la naissance d’un enfant ne soit plus une épreuve, mais une victoire.
Madina Belemviré