Forum des médias à Dakar: Un appel à l’action et à la réflexion

« Réfléchissez sur vous-mêmes. Prenez soin de vous. La santé n’a pas de prix. » Ces mots, prononcés par Amadou Kanouté, représentant le ministre de la Communication, ont frappé fort lors de la cérémonie de clôture du forum des médias sur l’autonomisation des femmes et des filles et la lutte contre les violences basées sur le genre, organisé par le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN) en partenariat avec UNO Femmes et le Fonds Muskoka du 4 au 6 décembre 2024 à Dakar. Un appel direct et sans détour adressé à ceux qui, jour après jour, sont sur le terrain pour rapporter l’actualité : les journalistes.

Dans un environnement où l’information doit être captée, traitée et diffusée à une vitesse toujours plus grande, il n’est pas rare que ceux qui la produisent en oublient leur propre bien-être. Les journalistes courent après l’information, souvent sans se soucier de leur santé. Pressés par les deadlines, exposés à des situations stressantes, parfois même dangereuses, ils mettent leur corps et leur esprit à rude épreuve, oubliant que leur santé est la clé de leur efficacité professionnelle. Mr Kanouté, conscient de cette réalité, a rappelé que leur rôle dans la société ne devrait pas les amener à négliger leur propre santé. Il a insisté sur la nécessité de prendre des pauses, de se donner du temps et de se protéger. La santé n’a pas de prix, et un journaliste en bonne santé est plus apte à accomplir sa mission d’informer, de dénoncer et de transformer.

Michel Sidibé, ancien directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida, a renforcé ce message en soulignant l’importance capitale des médias, non seulement comme relais d’informations, mais surtout comme bâtisseurs de conscience et architectes du changement. Les journalistes, selon lui, sont des acteurs essentiels dans la lutte contre la violence faite aux femmes et dans l’autonomisation des jeunes filles. En matière de sensibilisation à la violence, par exemple, les médias ont joué un rôle clé en brisant le silence, en donnant une voix aux survivantes et en permettant à des millions de personnes de comprendre l’ampleur du fléau. Mais pour continuer à être cet acteur de transformation, les journalistes doivent aussi prendre soin de leur propre santé.

Le Dr Sidibé a évoqué  le courage de ces journalistes qui, souvent, bravent des dangers pour raconter des vérités que beaucoup préfèrent ignorer. Il a rappelé que leur travail ne se limite pas à rapporter des faits, mais à inspirer l’action, sauver des vies et mobiliser les communautés. Leur rôle ne se résume pas à être de simples témoins, mais à être des acteurs du changement. Chaque mot, chaque image, chaque récit peuvent contribuer à transformer des réalités, à rendre les femmes et les filles libres de toute violence et autonomes.

Il a donc lancé un appel déterminé aux institutions locales, aux partenaires techniques et financiers à  soutenir les médias africains. Il ne s’agit pas simplement d’un soutien financier, mais d’un soutien stratégique, pour permettre aux journalistes de continuer à faire leur travail dans les meilleures conditions possibles. Les journalistes, eux aussi, soutient-il, doivent devenir des experts en matière de santé et de bien-être, pour mieux comprendre l’importance de leur propre santé et l’incarner dans leur travail quotidien.

Ce Forum n’a pas seulement marqué la fin d’une rencontre, mais a lancé un appel vibrant à une prise de conscience collective : les journalistes sont des acteurs du changement, mais leur pouvoir d’agir et de transformer dépend de leur capacité à préserver leur santé. C’est un équilibre délicat, mais essentiel, pour continuer à informer, à éveiller les consciences et à bâtir un avenir meilleur pour les femmes, les jeunes filles et, plus largement, pour la société tout entière.

Madina Belemviré

 

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