Orpaillage artisanal et santé rénale : une étude révèle les dégâts chez les 15-35 ans au Burkina Faso.

Ils sont jeunes, souvent entre 15 et 35 ans, parfois même mineurs, et passent leurs journées à chercher de l’or dans des conditions très précaires. Mais ce que beaucoup ignorent, c’est que l’or qu’ils extraient peut leur coûter très cher : leur santé, et plus précisément leurs reins.

Dr Sati Ahmed Kadio, médecin néphrologue

Dans certaines zones du Burkina Faso, ces jeunes orpailleurs artisanaux manipulent sans protection des produits chimiques très dangereux comme le mercure, le cyanure, ou encore le plomb. Ces substances servent à séparer l’or de la terre, mais elles sont aussi extrêmement toxiques pour les reins.

Les reins jouent un rôle essentiel. Ils filtrent le sang pour éliminer les déchets et les toxines. Une exposition régulière à des poisons comme le mercure ou le cyanure peut endommager ces organes vitaux. Au début, les symptômes sont discrets, mais avec le temps, les reins peuvent se détériorer jusqu’à provoquer une insuffisance rénale chronique, maladie grave pouvant nécessiter une dialyse ou une greffe.

Le Dr Sanou, médecin néphrologue au CHU Yalgado Ouédraogo, a mené une étude approfondie sur cette population entre 2013 et 2018.

Ses résultats montrent que 90 % des orpailleurs âgés de 15 à 35 ans examinés présentaient déjà une insuffisance rénale chronique. Parmi eux, 70 % étaient exposés au mercure, 14 % au cyanure, et 16 % à une combinaison des deux. La mortalité liée à cette maladie chez ces jeunes atteint 64 %.

Dans la région de Houndé, 7 jeunes orpailleurs sur 10 montrent des signes d’atteinte rénale selon l’étude. Dans la région du Centre, au moins 20 % des jeunes orpailleurs suivis en hôpital présentent des reins endommagés. Ces chiffres révèlent une réalité inquiétante. Derrière la poussière d’or, la santé des reins se dégrade silencieusement.

Le plus grave est que ces jeunes travaillent sans équipements de protection, sans gants ni masques, et souvent sans formation. Ils manipulent les produits toxiques à mains nues, respirent leurs vapeurs, ou boivent de l’eau contaminée. Ces gestes répétés jour après jour augmentent les risques de maladie selon le spécialiste.

Beaucoup d’entre eux se plaignent de maux de tête, de douleurs dans le dos, ou constatent qu’ils urinent moins souvent. Ces signes, bien que discrets, sont les premiers avertissements que leurs reins sont en danger.

Face à cette situation, il est urgent d’agir pour le Dr Kadio. Il faut sensibiliser ces jeunes aux risques, leur fournir des protections adaptées, et mettre en place un suivi médical régulier pour détecter les problèmes à temps.

L’or peut faire rêver, mais il ne doit pas coûter la vie à ceux qui le cherchent. Protéger la santé des jeunes orpailleurs, c’est aussi préserver l’avenir du Burkina Faso.

Madina Belemviré

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