Spécial 8 mars : Pr Yé Diarra, une femme qui a réussi en tant que médecin et en tant que femme

Pr Yé Diarra est le Chef de service de la pédiatrie médicale

Pr Yé Diarra/Ouattara est le Chef de service de la pédiatrie médicale au CHU pédiatrique Charles de Gaule. Enseignante chercheur à l’Université de Ouagadougou, elle est également la présidente de la Société burkinabè de pédiatrie (SOBUPED). En la faveur de la journée internationale des droits de la femme, Bulletin santé s’est intéressé à cette brave dame qui a réussi en tant que femme et en tant qu’épouse.

« Le travail libère l’Homme », a-t-on coutume de dire. Pr Yé Diarra a su se libérer de certains préjugés pour prouver qu’elle méritait son poste pour ses compétences et non parce qu’elle était l’épouse du président de l’Assemblée nationale en son temps. « Quand je suis arrivée en tant que pédiatre à Charles de Gaule, il se disait que ce n’était pas mes compétences et mes capacités qui m’ont fait arriver ici, juste parce que j’étais l’épouse du président de l’assemblée nationale à l’époque », raconte-t-elle.


Refusant de se laisser toucher par ces préjugés, la mamie des enfants comme on l’a surnommé va s’imposer par son travail. « Au fil du temps, les gens m’ont observé et m’ont vu à l’œuvre sur le terrain. Certains même sont venus me dire que contrairement aux rumeurs qui disaient que je suis une femme hautaine et tout, je suis plutôt sociable », a-t-elle souligné.
Ces préjugés, Pr Yé n’y a pas échappé, même quand elle est allée au concours d’agrégation : « Il y a quelqu’un qui m’a dit directement : ah Dr Yé, ici c’est le travail qui compte hein et non le fait d’être l’épouse du président de l’Assemblée nationale. Heureusement, le concours s’est bien passé et la même personne est revenue me féliciter  ».


Des préjugés de ce genre, il y en aura toujours selon la Cheffe de service de la pédiatrie médicale. « Mais nous devons rester nous-mêmes en tant que femme et en tant que épouse de responsable, ne pas prendre la grosse tête, travaillé à montrer ses compétences, rester humble et les gens finiront par avoir d’autres appréciations de nous  », conseille-t-elle.


Malgré ses multiples occupations, Pr Yé Diarra estime que la vie familiale ne doit pas aussi être en reste. « Avec mon époux on s’est connu quand on était étudiants. Lui il était en 4e année médecine quand moi j’arrivais en première année. Nous avons cheminé ensemble depuis cette période jusqu’à aujourd’hui. Cela nous a permis de baliser certaines choses ensemble. C’est quelqu’un qui a été très compréhensif par rapport à mes absences multiples sur le plan professionnel. Je lui ’ai laissé avec ma dernière fille n’avait que 2 ans pour repartir pour la spécialisation. Mais nous avons toujours privilégié la communication au sein du foyer », a-t-elle confié.


A propos de la célébration de la journée internationale des droits de la femme, la présidente de la SOPUBED est intransigeante : Il faut donner la même chance autant à la fille qu’au petit garçon d’être scolarisé. Racontant son parcours scolaire, elle soutient qu’elle le doit à son cousin. «  On s’amusait ensemble avec mon cousin tous les jours et un jour je me lève et je ne le vois pas. J’ai demandé d’après lui et on m’a dit que son papa l’a amené s’inscrire à l’école. J’ai attendu mon papa et dès qu’il est revenu, je lui ai dit que je voulais aussi aller à l’école et il n’en a pas fait un problème. Ce cousin, on nous a donné l’égalité de chance mais il n’a pas franchi le CP2 »,, explique t-elle précisant qu’au vue de ses résultats scolaires ’’très honorables’’, toutes ses sœurs ont été scolarisées sauf la sœur cadette, ce que leur géniteur a toujours regretté.


Pour elle, une femme qui a reçu la même formation qu’un homme peut aussi bien faire le travail que ce dernier, en témoigne cet exemple : «  Au cours d’un voyage, avant la Covid-19, quand on a annoncé que le commandant de bord était une femme, mon voisin s’est retourné vers moi et m’a dit qu’il va descendre. Je pensais qu’il s’amusait mais il m’a demandé pourquoi c’est une femme qui est commandant de bord aujourd’hui ? Je lui ai dit que je n’y voyais aucun problème et il me dit non, qu’il n’a jamais voyagé avec une compagnie où le commandant de bord c’est une femme. Je lui ai dit de lui faire confiance et de prier Dieu. J’avoue que le monsieur n’a pas dit mot durant tout le vol. Quand on a amené le repas, il n’a pas voulu manger tellement il était stressé. Moi je n’étais pas du tout inquiète parce que je me suis dit que c’est la même formation qu’elle a eu que les hommes. Dieu merci les dieux de la météo étaient avec nous, il n’y a pas eu de turbulence et quand on a attéri, tout le monde a applaudi pendant des minutes, tellement le vol était calme et agréable ». Elle a donc saisi cette occasion pour inviter les hommes à faire confiance aux femmes et aux femmes de se faire confiance et de se donner le meilleur d’elles-mêmes pour mériter cette confiance.


En rappel, c’est en 1979 que Pr Yé Diarra a quitté le Burkina pour les études en médecine générale à Dakar au Sénégal. Après l’obtention du diplôme de pédiatre en 1995 en Côte d’Ivoire, elle rentre au pays pour s’occuper de sa vie professionnelle et familiale. Avec le soutien de ses aînés, elle obtient en 2001 une bourse d’études d’un an à Rouen en France pour une sous-spécialisation en néonatologie (s’occuper des bébés de 0 à 28 jours). D’assistante, elle est devenue maître assistante en 2001. Après avoir passé avec brio le concours d’agrégation en 2004, elle fut titularisée en 2009. De Yalgado, elle fut affectée au CHU pédiatrique Charles de Gaulle comme Chef de service de la pédiatrie médical en juin 2005.
Comme loisirs, Pr Yé aime suivre la télévision une fois en famille et pratiquer le sport de maintien. Elle milite par ailleurs dans un certain nombre d’associations. Le foutou avec la sauce gombo accompagné du poisson fumé et de l’huile rouge est le plat préféré de la mamie des enfants.


Jude Somé
www.bulletinsante.net

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