Le Ramadan et les ulcères : L’excuse tendance pour échapper au jeûne, mais qu’en dit vraiment la médecine?
Le mois de Ramadan est connu pour être une période de jeûne spirituel, mais aussi un terrain fertile pour les excuses les plus créatives afin d’éviter de participer à cette tradition sacrée. Parmi les prétextes les plus originaux, celui des prétendus ulcères gastro-duodénaux prend une place de choix. Mais, est-ce vraiment une excuse médicalement fondée ou simplement un moyen pour ne pas jeûner ? Nous avons interrogé le Dr. Lydie Sia Ouattara, hépato-gastroentérologue pour démêler le vrai du faux.
Le jeûne peut affecter différemment les patients en fonction de leur état de santé. Le Dr Ouattara identifie trois groupes de patients : ceux à très haut risque d’aggravation pendant le jeûne (comme les cardiopathies, l’insuffisance rénale chronique sévère, le diabète, la grossesse), ceux à risque modéré nécessitant des aménagements, et enfin ceux sans contre-indications.
En ce qui concerne les ulcères gastro-duodénaux, le Dr Ouattara souligne qu’il n’y a pas de contre-indication formelle, mais que chaque cas doit être évalué individuellement. Pendant le jeûne du ramadan, il peut y avoir une hypersécrétion d’acide gastrique, favorisant les poussées d’ulcère et même des complications graves telles que la la perforation de la muqueuse gastrique et les hémorragies ulcéreuses, particulièrement pendant le mois de ramadan en raison de l’hypersécrétion d’acide gastrique.
Une étude algérienne explique Dr Ouattara, a révélé que 50% des patients atteints d’ulcères ayant pratiqué le jeûne ont présenté des perforations, soulignant ainsi le risque significatif de complications ulcéreuses associées au jeûne.
Elle recommande donc une consultation pré-ramadan pour évaluer le risque lié à l’observance du jeûne chez les patients présentant des ulcères. Les personnes ayant été diagnostiquées ulcéreuses, traitées, et déclarées guéries peuvent jeûner tant qu’elles ne présentent pas de symptômes gastro-duodénaux.
En revanche, pour ceux présentant des symptômes ou étant en cours de traitement, le jeûne est déconseillé.
Pour minimiser les risques, la spécialiste recommande un régime équilibré lors de la rupture du jeûne, comprenant des céréales, des fruits, des légumes, des produits laitiers, et une hydratation adéquate, surtout pendant les périodes de canicule. Les patients sous traitement doivent continuer autant que possible, en ajustant si nécessaire en collaboration avec leur médecin.
En somme, pour toute personne ayant souffert ou souffrant d’ulcère gastro-duodénal et désirant observer le jeûne, une consultation médicale pré-ramadan est fortement recommandée. Il est essentiel de prendre des précautions pour garantir que la période de jeûne se déroule en toute sécurité et confortablement.
Madina Belemviré