Maltraitance des enfants: « Nous soignons mais il y a quelqu’un qui doit réprimer les fautifs et les coupables », dixit la DG du CHUP-CDG

Le nombre croissant de cas reçus de maltraitance physique, de violences sexuelles et autres au Centre hospitalier universitaire pédiatrique Charles de Gaulle (CHUP-CDG) inquiète de plus en plus la direction générale. Saisissant l’occasion de la journée mondiale de l’enfant africain en souvenir des enfants de Soweto, elle a échangé le mercredi 16 juin avec les acteurs clés du domaine de la protection de l’enfance que sont la police, la justice et l’action humanitaire autour d’un panel, sur comment faire pour protéger l’enfant en milieu hospitalier.

Le service de chirurgie pédiatrique du CHUP-CDG a reçu à la période du 1 er janvier au 30 mai 2021, 2 cas de maltraitance physique sur un garçon de 12 et 3 ans, un cas de violence sexuelle sur une fille de 12 ans et 68 cas de refus de soins.

Malgré l’abnégation du personnel soignant et l’engagement du service social, explique la directrice générale du CHUP-CDG, Cyrille Priscille Kaboré/Ouédraogo, « nous sommes confrontés à des difficultés dont le refus des soins proposés (amputation de membre, transfusion sanguine, hospitalisation), la complicité des parents avec les auteurs de violence…

« Un enfant qui quitte le milieu hospitalier pour rentrer à la maison avec ses parents parce que ces derniers ont refusé qu’on lui administre les soins, n’est pas en sécurité parce qu’il va avec sa douleur, son mal », a regretté la représentante du corps médical, Pr Yé Diarra.

« Nous soignons mais il y a quelqu’un qui doit réprimer les fautifs et les coupables », a fait remarquer la directrice générale.
Ainsi, face à cette situation, est-ce que les parents ou la personne qui envoie l’enfant à l’hôpital a le droit de faire sortir l’enfant sans ou contre avis médical lorsque la santé de l’enfant est mise en danger, quelle est la responsabilité du personnel sanitaire en pareille circonstance ?

A ces questions, la juge des enfants au tribunal de Grande instance Ouaga1, Djéneba Savadogo, a noté qu’il n’y a pas une loi clairement qui porte sur la protection de l’enfant en milieu hospitalier. Il s’agit plutôt d’une lecture croisée de plusieurs textes qu’il faut analyser et retrouver les dispositions qui peuvent permettre de protéger l’enfant en milieu hospitalier.

Toutefois, Fatimata carole Laetitia Ouédraogo, magistrate, substitut du procureur près du Tribunal de grande instance Ouaga 1, substitut chargé de la question des mineurs a relevé le devoir de signalement qui existe dans la loi de 2014 et qui s’impose à tout le monde. « L’article 99 de cette loi dit que toute personne y compris celles commises au secret professionnelle est soumise au devoir de signaler au juge des enfants ou au procureur du Faso ou aux travailleurs sociaux chargés de la protection de l’enfance, tout ce qui est de nature à constituer un danger au sens de l’article 97 », a-t-elle rappelé.

Ainsi, dans la situation où l’enfant est admis dans un hôpital, lorsque les parents refusent de donner leur accord pour des soins, le service hospitalier doit adresser un rapport au juge des enfants pour que celui-ci statuant en matière d’enfance en danger autorise les soins dans l’intérêt supérieur de l’enfant conformément à l’article 3 de la convention relative au droit des enfants.

Madina Belemviré

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