Sage-femmes : Debout aux côtés des femmes, même quand tout vacille
Au Burkina Faso, comme ailleurs, les sage-femmes sont en première ligne pour accompagner la vie, souvent dans des conditions extrêmes. Leur engagement prend un relief particulier dans un contexte marqué par la crise sécuritaire, les déplacements des populations et une pression sur le système de santé. Pourtant, chaque jour, grâce à elles, des vies sont sauvées. Le 5 mai 2025, un webinaire organisé par l’UNFPA en partenariat avec le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN), a rassemblé des représentants de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, pour leur rendre hommage. Et surtout, pour rappeler l’urgence d’investir dans cette profession trop souvent négligée.
Le thème retenu cette année pour la journée internationale des sage-femmes, « Les sage-femmes : indispensables en toutes circonstances », sonne comme une évidence. Au Burkina Faso, malgré les routes coupées, les centres de santé débordés et les ressources qui s’amenuisent, elles sont là. Dans les maternités urbaines ou les formations sanitaires improvisées en zone rouge, elles accompagnent, rassurent, réaniment. Elles font bien plus que mettre des bébés au monde, elles protègent des familles entières contre le drame de la perte. Dans un camp de déplacés, dans une salle d’accouchement sans électricité ou au bout d’un long chemin de terre battue, elles répondent présentes.
La situation reste alarmante dans la région selon le Directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (WCARO), le Dr. Sennen Hounton. Une femme meurt toutes les quatre minutes de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. Des décès en grande partie évitables si les sage-femmes étaient suffisamment nombreuses, bien formées, et correctement soutenues. Pourtant, renseigne-t-il, certaines travaillent sans salaire depuis des mois, comme en République centrafricaine. D’autres voient leurs postes menacés par la fin d’un financement, comme au Tchad. Et malgré tout, elles continuent, elles soignent, elles écoutent, elles sauvent.

Mais il y a aussi des raisons d’espérer selon le Dr Sennen Hounton. Le Burkina Faso montre qu’un engagement fort peut porter ses fruits. Malgré les défis, le pays a fait reculer la mortalité maternelle.
Selon le ministre de la Santé, le Dr Robert Lucien Jean-Claude Kargougou, le ratio de mortalité maternelle est passé de 787 décès pour 100 000 naissances vivantes en 1990 à 198 en 2021. Ce progrès, bien qu’encore perfectible, est le fruit d’un investissement durable dans la santé maternelle et infantile. L’assistance à l’accouchement par du personnel qualifié, dont les sage-femmes sont le pilier, atteint aujourd’hui selon le Directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (WCARO), 87 %, et la fécondité totale est passée de 6 à 4,9 enfants par femme.

Comme l’a rappelé le Ministre : « Cette réduction, malgré les défis auxquels nous faisons face, est le fruit de nos efforts constants pour garantir un accès aux soins de qualité à toutes les femmes, partout. » Et derrière cette avancée, il y a les sage-femmes. Des femmes courageuses, parfois elles-mêmes touchées par la crise, mais toujours déterminées à exercer leur métier avec humanité.
Leur rôle est central et leur reconnaissance, essentielle. Pas seulement en leur dédiant une journée, mais en assurant leur sécurité, leur formation et leur présence là où l’on a le plus besoin d’elles. Sauver une mère, c’est souvent sauver une famille. Et bien souvent, c’est une sage-femme qui en est l’artisane silencieuse.
Madina Belemviré