Toilettes publiques : faut-il vraiment s’en méfier ?
On y va souvent à reculons, en essayant de ne rien toucher, parfois même avec l’envie de faire demi-tour. Les toilettes publiques n’ont pas vraiment bonne réputation. Odeurs suspectes, hygiène douteuse, peur des microbes… C’est tout un cocktail d’appréhensions. Mais est-ce que ces craintes sont vraiment fondées ?
Le Dr Arouna Gnamou, médecin infectiologue, répond sans détour :« Oui, les toilettes publiques peuvent abriter des agents infectieux. Mais non, ce n’est pas une garantie d’en sortir malade. »
En clair, il ne faut pas céder à la panique. Le risque existe, mais il reste modéré à condition de respecter quelques gestes simples d’hygiène.
Parmi les microbes les plus fréquemment retrouvés sur les surfaces comme les poignées, les boutons de chasse ou les lunettes, on retrouve des bactéries digestives telles que Escherichia coli, Salmonella ou Shigella. Ces bactéries peuvent provoquer des diarrhées ou autres troubles intestinaux si elles parviennent à pénétrer dans l’organisme.
On peut aussi croiser Staphylococcus aureus, capable de survivre longtemps sur les surfaces et responsable d’infections de la peau, voire d’abcès. Le fameux norovirus, quant à lui, est un expert des toilettes : très contagieux, il peut provoquer des épidémies de gastro-entérite, même à partir de toutes petites quantités.
Et ce n’est pas tout. Dans des environnements mal entretenus, on peut aussi retrouver des virus respiratoires (comme les rhinovirus ou les coronavirus) et parfois, dans des cas extrêmes, certains parasites ou champignons.
Mais attention : présence de microbe ne veut pas dire contamination automatique.
« Une infection ne se déclenche que si la dose de microbe est suffisante et qu’elle franchit nos défenses naturelles », rassure le Dr Gnamou.
Alors, comment se protéger ? Rien de compliqué : bien se laver les mains après chaque passage, utiliser un mouchoir pour actionner la chasse d’eau ou ouvrir la porte, éviter de poser son sac au sol et garder un gel hydroalcoolique à portée de main.
Les toilettes publiques ne sont pas des zones de danger permanent. Mais elles rappellent, à leur façon, l’importance des bons réflexes. Un peu de prudence, beaucoup de savon, et on peut y entrer (presque) sereinement.
Madina Belemviré