Anesthésie-réanimation : Le cœur battant du bloc opératoire
Avant que le bistouri ne frôle la peau et que le silence du bloc ne s’installe, une équipe discrète mais indispensable prépare déjà le terrain. Dr KI Kélan Bertille, anesthésiste réanimateur, professeur titulaire d’Anesthésie-Réanimation à l’Université Joseph KI-ZERBO et chef du service d’Anesthésie réanimation du CHU pédiatrique Charles de Gaulle, explique comment chaque intervention chirurgicale s’appuie sur un cheminement précis qui protège la vie du patient.

La prise en charge anesthésique se déroule toujours en trois grandes phases. Tout commence avec la période préopératoire. Elle consiste à préparer le patient à l’intervention et à l’anesthésie. Le praticien qui a posé l’indication de l’acte rédige un bulletin pour la consultation d’anesthésie. Pour une chirurgie programmée par exemple, le chirurgien transmet des informations essentielles qui guideront les décisions ultérieures, notamment la maladie qui justifie l’opération, le geste chirurgical prévu, sa durée estimée et le risque éventuel de saignement. Muni de ce bulletin, le patient prend rendez-vous pour sa consultation. Cette procédure concerne les interventions dites électives, qui ne sont pas urgentes. En situation d’urgence, une fois l’indication opératoire posée, le patient est vu d’emblée par l’anesthésiste on parlera d’évaluation d’anesthésie dans ce cas.
La consultation d’anesthésie, qui permet dans un 1er temps de “connaitre le patient” doit avoir lieu à distance raisonnable de l’acte nécessitant l’anesthésie, quarante-huit heures au minimum selon les recommandations, afin d’avoir le temps de corriger d’éventuelles anomalies. Dr KI Kélan Bertille explique que l’anesthésiste s’attarde sur l’identité du patient, qu’il s’agisse d’un enfant ou d’un adulte, sur ses antécédents (médicaux, chiruurgicaux, etc) , sur d’éventuelles allergies, sur son mode de vie comme le tabagisme ou la consommation d’alcool, sur son état de santé actuel et sur des points spécifiques utiles pour l’anesthésie, comme l’ouverture de la bouche, la présence de prothèses dentaires ou la distance entre le menton et la thyroïde entre autres grâce à un examen clinique. Le patient est ensuite classé selon plusieurs critères, notamment les risques anesthésiques et infectieux. C’est également au cours de la consultation d’anesthésie que se décide la technique d’anesthésie à utiliser en fonction de la nature de l’intervention, son emplacement sur le corps, sa durée et l’intensité de la douleur, de même que du patient lui-même. Le choix de cette technique se fait idéalement en concertation avec le patient. Les possibilités techniques, selon le matériel et les médicaments disponibles, orientent aussi la décision afin de garantir la sécurité dans toutes les conditions.
La consultation se conclut par les consignes de jeûne, les informations sur la douleur postopératoire et sa prise en charge et l’obtention du consentement éclairé. L’anesthésiste peut recommander l’arrêt de certains médicaments, prévoir des produits sanguins ou demander des examens complémentaires et des avis spécialisés. Si besoin, le patient doit être revu et la date de l’intervention peut être ajustée pour garantir sa sécurité. Cette étape permet aussi d’aborder les craintes et les questions sur l’anesthésie et son déroulement : procédure, réveil, etc.
Le temps de l’intervention chirurgicale correspond à la période peropératoire. L’équipe d’anesthésie s’assure d’abord que tout le matériel et les médicaments nécessaires sont prêts. Elle applique ensuite la technique décidée lors de la consultation d’anesthésie, qu’il s’agisse d’une anesthésie générale ou d’une anesthésie loco-régionale ou une combinaison des deux techniques. Pendant toute l’intervention, elle surveille en permanence le patient, adapte la profondeur de l’anesthésie, protège les points d’appui, maintient la chaleur corporelle et anticipe les incidents pour pouvoir réagir sans délai. Dans la grande majorité des cas, le réveil a lieu directement en salle d’opération sous la vigilance de l’équipe.
Une fois la chirurgie terminée commence la période postopératoire. L’anesthésiste prescrit la surveillance adaptée, les traitements nécessaires et les consignes à suivre pour le confort et la sécurité du patient. Il organise la reprise progressive de l’alimentation en accord avec l’équipe chirurgicale et veille à ce que la douleur soit maîtrisée dès les premières heures.
Madina Belemviré

