Colopathie fonctionnelle : les symptômes peuvent altérer de manière très importante la qualité de vie (Dr Ouango)

Définie comme une coexistence de douleurs abdominales chroniques et de troubles du transit, la colopathie fonctionnelle ou syndrome de l’intestin irritable (SII) est une maladie digestive bénigne et fréquente. Parfois négligée, elle peut pourtant retentir sur la qualité de vie du fait de l’importance des symptômes. Des manifestations, aux complications en passant par le traitement, Dr Ouango Judith, hépato gastro-entérologue au CHR de Ziniaré, nous entretient sur cette maladie. 

Quelles sont les causes et les facteurs de risques ? 

Le syndrome de l’intestin irritable est une maladie fonctionnelle. Il n’est pas retrouvé une anomalie des organes impliqués dans cette pathologie. Bien que la cause soit mal connue, on sait qu’il existe une interaction entre le tractus digestif, les bactéries intestinales, le système nerveux et des facteurs externes comme le stress. La colopathie fonctionnelle est une maladie multifactorielle. Les principaux facteurs retrouvés sont entre autres :

-Les troubles de la motricité au niveau de l’intestin grêle et du colon qui peuvent entrainer soit une accélération ou un ralentissement du transit,

– L’intestin est également très sensible à son contenu (gaz et selles), d’où découlent des sensations désagréables et d’inconfort qui ne sont pas perçus chez le sujet sain,

– Très souvent il existe un déséquilibre de la flore bactérienne intestinale normale qu’on appelle le microbiote qui est présent chez deux tiers des patients,

– D’autres facteurs externes comme l’anxiété, le stress, de vrais syndromes anxio-dépressifs et une histoire de vie douloureuse (divorce, deuil, abus sexuel) peuvent déclencher ou accentuer les symptômes,

-Le reflux gastro œsophagien (RGO) et la dyspepsie (ensemble de symptômes de douleurs abdominales ou de malaise épigastrique) sont des maladies souvent associées à la colopathie fonctionnelle.

Comment elle se manifeste ?

Les douleurs sont au premier plan d’intensité variable et très fréquemment associées à des ballonnements. Ces douleurs peuvent siéger dans n’importe quel cadran de l’abdomen accentuées quelques heures après le repas. Les patients peuvent être soulagés ou au contraire ressentir une aggravation lors de l’émission de gaz ou de selles. De nombreux symptômes extra digestifs ne sont pas à négliger (céphalées, bouffées de chaleur, douleurs musculaires, fatigue).

Le diagnostic repose sur l’association des douleurs abdominales chroniques de ballonnements et des troubles du transit (diarrhée, constipation ou alternance de diarrhée et de constipation). Ces symptômes sont classés selon les critères de Rome IV avec l’échelle de bristol (pour la consistance des selles) permettant de définir les différents sous-types. Il y a essentiellement 4 formes :

– Celle à diarrhée prédominante,

– Celle à constipation prédominante,

– Celle à type mixte (diarrhée et constipation),

– Celle indéterminée.

Est-ce fréquent dans nos contrées ?

C’est une maladie qui touche 5 à 10% de la population. Des études publiées montrent que les sujets autour de 50 ans sont les plus touchés. Mais elle affecte également les jeunes adultes, les enfants et les adolescents.

Quelles peuvent être les conséquences ?

Même si les symptômes sont bénins dans le cadre du syndrome de l’intestin irritable, ils peuvent altérer de manière très importante la qualité de vie ; que ce soit l’alimentation, le sommeil, l’image de soi, la vie en société, sur le plan professionnel et sexuel.

Quels traitements pour la colopathie ?

Il consiste avant tout à diminuer la douleur et l’inconfort abdominal.

– Les régimes alimentaires reposent sur des notions simples comme manger raisonnablement et régulièrement, réduire les aliments que l’on a du mal à supporter, les aliments trop gras, se méfier d’une quantité excessive de fibres qui ont un effet sur le transit.

– Le traitement médicamenteux de première intention repose sur les antis spasmodiques et les régulateurs de transit. Chez certains patients, des antidépresseurs à visée antalgique ou une prise en charge psychologique peuvent s’avérer nécessaires.

Des conseils à l’endroit des populations ?

– Il est indiqué de consulter pour se rassurer de la bénignité de sa pathologie car souvent des maladies majeures peuvent avoir les mêmes symptômes.

– Les mesures hygiéno diététiques sont importantes et accompagnent le traitement médicamenteux. L’hygiène de vie est nécessaire pour éviter l’importance et le rapprochement des crises. Le suivi médical permet également de stabiliser le patient et de détecter d’autres maladies associées surtout lors de l’accentuation des symptômes.

Madina Belemviré 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

18 − dix =