De calme à colérique : quand la souffrance au travail change une personne
Il y a des jours où une personne semble tout simplement différente. Celui ou celle qui semblait toujours calme et posé(e) se met à s’énerver pour un rien. Celui qui gardait toujours le sourire évite maintenant tout contact. Que se passe-t-il derrière ce changement de comportement ?
La souffrance au travail, qu’elle soit psychologique ou émotionnelle, n’est pas toujours évidente à voir. Pourtant, elle peut transformer une personne en profondeur. Le Dr Oumar Sourabié, spécialiste en santé mentale, explique que : « Lorsque quelqu’un qui était généralement calme devient brusquement colérique ou irritable, cela peut être le signe qu’il ou elle traverse une souffrance psychologique importante. Ce changement est souvent une manifestation d’un stress accumulé ou d’une incapacité à faire face à une situation professionnelle difficile. »
Le stress lié au travail, les pressions constantes, le manque de reconnaissance, ou encore les conflits avec les collègues ou les supérieurs peuvent progressivement altérer l’équilibre d’une personne. Selon le Dr Sourabié, « dans certains cas, la rivalité entre collègues peut devenir une source de stress importante. Lorsque l’ambiance de travail est tendue et que le soutien des collègues ou des supérieurs est insuffisant, cela peut accélérer l’apparition de symptômes de souffrance ».
Le problème, c’est que cette souffrance n’est pas toujours visible. « Beaucoup de personnes cachent leur douleur derrière un masque de calme ou d’indifférence, mais tôt ou tard, cette souffrance se manifeste de manière plus marquée. Parfois sous forme de colère, parfois sous forme de repli sur soi », précise le Dr Sourabié.
Il est facile de juger un collègue qui semble perdre son calme, mais derrière cette agitation, il y a souvent un appel à l’aide non exprimé. Cela pourrait être dû à une surcharge de travail, une mauvaise gestion du stress ou même des conflits internes non résolus. Ce n’est pas un simple changement d’humeur, mais un mécanisme de défense face à des émotions trop lourdes à gérer. Ce n’est pas de la faiblesse, mais un signe de souffrance qui mérite d’être pris en compte.
D’autres comportements peuvent également signaler un mal-être plus profond. Une personne auparavant soigneuse et soignée peut soudainement négliger son hygiène ou son apparence. « Si un collègue, habituellement bien habillé et soigné, commence à s’abandonner, cela peut être un signe de souffrance au travail », explique le spécialiste.
Ces changements dans l’apparence physique, combinés à une intolérance accrue envers les autres, sont souvent des signaux d’alerte. Une personne, jadis flexible et souple, peut devenir plus inflexible et prendre des décisions hâtives ou trop tranchées. « C’est un comportement qui peut être interprété comme un signe de stress intense. La capacité à tolérer les égards des autres diminue, et l’intolérance s’installe », précise le psychiatre. Cette rigidité peut rapidement se transformer en agressivité, affectant les relations avec les collègues.
Il est donc important d’adopter une approche préventive en entreprise, où l’écoute et la prise en charge du bien-être des employés ne sont pas optionnelles, mais nécessaires. Parce qu’en réalité, comprendre et aider un collègue avant que la colère n’explose est un geste humain essentiel.
Madina Belemviré
