Diabète chez l’enfant et l’adolescent : comment le prévenir ?

Le diabète est une maladie chronique qui se caractérise par une élévation permanente du taux de sucre dans le sang. Laquelle élévation va induire des symptômes et occasionner des complications pouvant être graves à l’extrême (cécité, insuffisance rénale, maladie cardio-vasculaire, amputation de membres…) et même occasionner le décès. Ce qui fait tout l’intérêt de considérer la problématique. Ces dernières années, force est de constater une augmentation du nombre de cas de diabète rencontré chez l’enfant et l’adolescent. Qu’est-ce qui explique cette situation ? Que faire pour y remédier ? Dr Donald Yanogo, diabétologue au CHU de Tengandogo apporte des éléments de réponse.

Dr Donald Yanogo, diabétologue

Quels sont les différents types de diabète?

Classiquement, on rencontre 4 grands groupes de diabète suivant le mécanisme causal dont 2 principalement ont un intérêt particulier en termes de prévalence (nombre de cas dans la population), en terme d’incidences (nombre de nouveaux cas chaque année). Il s ‘agit donc du diabète de type 1 et le diabète de type 2.

Le diabète de type 1 était anciennement appelé le diabète du sujet maigre et par la suite diabète insulino dépendant.  Il peut survenir à tous les âges mais l’incidence est plus importante chez l’enfant, l’adolescent et le sujet jeune.

Quant au diabète de type 2 qui représente 90 à 95% des diabètes dans le monde, il était anciennement appelé diabète de sujet grand puis par la suite, diabète non insulino dépendant. Longtemps considéré comme étant l’apanage de l’adulte, classiquement après 40 ans, on assiste depuis quelques années, à une augmentation de la prévalence de cas de diabète de type 2 chez les sujets jeunes, notamment les adolescents et les jeunes adultes. Augmentation de la prévalence significativement associée à une augmentation de la prévalence du surpoids et de l’obésité également dans ces groupes d’âge.

Quelles sont les causes du diabète chez l’enfant et l’adolescent?

Le diabète de type 1 est en rapport avec une destruction des cellules du pancréas qui sont responsables de la production de l’insuline. L’insuline étant l’hormone à l’organisme qui permet l’utilisation normale du sucre par les différents tissus et cellules pour leur fonctionnement. Cette destruction de cellules au niveau du pancréas est causée par un mécanisme dit auto-immun, c’est-à dire qu’il y a une réaction immunologique, anormale, ou des anticorps produits par le sujet se retournent contre un organe chez le même sujet.

Dans le diabète de type 2, le trait causal prédominant est une résistance à l’action de l’insuline sur ces tissus cibles. Cette résistance peut être associée ou non à un déficit de production de l’insuline. Il a été observé que la résistance à l’action de l’insuline était significativement en rapport avec le surpoids et l’obésité.

Qu’est-ce qui explique l’augmentation de la fréquence du diabète chez les enfants et les adolescents ?

En 2019, 450 de personnes millions dans le monde étaient atteintes de diabète avec une projection d’augmentation du nombre de cas de 700 millions en 2045 si des actions suffisantes de contrôle ne sont pas mises en place.

Au Burkina Faso, on estimait à 4,9% la prévalence du diabète en 2015. Mais cet indicateur doit être pris dans le contexte de l’insuffisance du dépistage car on considère qu’un diabétique sur 2 dans le monde ne se sait pas diabétique.

Effectivement, il y a un constat d’augmentation du nombre de cas de diabète rencontré chez l’enfant et l’adolescent.

Parlant du diabète de type 1, on considère qu’il y a eu une augmentation de près de 30% de l’incidence de ce type de diabète depuis pratiquement les années 1980. On estime à 1,1 million le nombre de cas de diabète de type 1 dans le monde, contre …..

Cela pourrait s’expliquer par une amélioration des performances des systèmes de santé à diagnostiquer ce type de diabète, ce qui serait à saluer. Mais cette explication ne saurait pas expliquer toute la majoration du nombre de cas. On pense que certains facteurs qui ont été incriminés dans le déclenchement de mécanismes auto-immun en cause dans le diabète de type 1 jouerait un rôle prédominant.

En dehors de la prédisposition génétique qui est un facteur non contrôlable, on évoquera surtout des facteurs environnementaux, tels que l’exposition à des virus au cours de l’enfance comme cela a été prouvé par de nombreuses recherches à savoir l’exposition précoce à des protéines animales contenues dans les produits laitiers de substitution, même si cette hypothèse est beaucoup discutée. L’exposition de plus en plus accentuée aux perturbateurs endocriniens.

Une cause particulière à évoquer en Occident et de plus en plus dans certains milieux favorisés chez nous en Afrique, serait l’hygiénisme, c’est-à-dire le haut niveau d’hygiène, qui semble-t-il, réduirait les performances du système immunitaire, favorisant l’éclosion de certaines maladies auto-immuns, dont le diabète de type 1.

Pour le diabète de type 2 dont le trait majeur est l’insulino résistance fortement associé au surpoids et à l’obésité, on pense que la raison de l’augmentation de la prévalence chez l’enfant et l’adolescent, serait en rapport avec un changement du mode de vie favorisant la suralimentation et l’excès calorique ainsi que la réduction du niveau d’activité physique exposant à une prise importante de poids et à l’obésité. Mais pour ce type de diabète chez l’enfant et l’adolescent, on incrimine de plus en plus, l’action des perturbateurs endocriniens qui sont maintenant des produits d’usage courant ou de consommation courante dans nos sociétés. Les perturbateurs endocriniens étant des substances chimiques dotées d’une activité hormonale pouvant rentrer en compétition avec l’activité de l’hormone insuline et que l’on rencontre le plus fréquemment dans des produits du quotidien dans nos sociétés comme par exemple le bisphénol A dans les plastiques utilisées pour la fabrication des emballages et certains contenants, les pesticides…

LIRE NOTRE ARTICLE SUR LES COMPLICATION DU DIABETE CHEZ L’ENFANT

Quelles sont les actions qui permettent d’éviter ou de limiter la survenue des cas de diabète chez l’enfant?

Il y a certainement des actions qui peuvent permettre de contrôler l’incidence des cas de diabète chez l’enfant, surtout lorsque la survenue de ces cas est fortement en rapport avec les facteurs environnementaux que nous avons évoqué précédemment.

Pour le diabète de type 1, malgré l’existence d’une prédisposition génétique à faire la maladie, on considère que des actions comme la prévention des infections virales chez l’enfant, la promotion de l’allaitement maternel suivant les recommandations dans les premières années de vie, la réduction de l’exposition aux perturbateurs endocriniens, l’amélioration du suivi sanitaire de l’enfant incluant le dépistage du diabète devant des signes évocateurs…, pourraient permettre de contenir l’incidence dans les proportions souhaitables où à défaut, améliorer les découvertes précoces et la mise sous traitement adapté afin de réduire le poids des complications.

Pour les cas qui ne pourraient pas être évités, il y a besoin ainsi d’améliorer les capacités du système de santé pour la prise en charge des enfants diabétiques de type 1, l’autre volet étant l’amélioration de l’accès à l’insuline et aux examens de suivi car cela représente encore dans notre contexte un coût non négligeable pour les enfants et leurs familles. Pourquoi n’incluons nous pas d’ailleurs ce groupe marginal vulnérable dans notre politique national de gratuité des soins ?

Pour le diabète de type 2, on évoquera principalement la nécessité de changement du mode de vie en faveur de la santé par la promotion d’une alimentation saine, pauvre en sucre non indispensable et en graisse et également par la promotion de l’activité physique pour la santé. Cela fait penser par exemple à la mise en place des programmes d’éducation diététique et des programmes d’activités physiques adaptées en direction des enfants et des adolescents. Nous évoquerons aussi la question des perturbateurs endocriniens pour lesquels il y a certainement nécessité de revoir la législation et les normes concernant l’importation, la production et la distribution des produits renfermant ces substances toxiques pour le métabolisme.

Madina Belemviré

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