Maltraitance des enfants : un enfant sur 4 de moins de 12 ans en est victime

Selon l’OMS, la maltraitance peut être définie comme toutes formes de mauvais traitement physique et ou affectif, de sévices sexuels, de négligence ou de traitement négligent, d’exploitation commerciale autres, entrainant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de l’enfant (inférieur à 18 ans), sa survie, son développement ou sa dignité, dans le contexte d’une relation responsabilité, de confiance ou de pouvoir. Toujours selon l’OMS, un adulte sur 4 se dit avoir été victime de violences physiques durant son enfance dans la population générale. Sur les violences sexuelles, une femme sur 5 et un homme sur 13 se déclare avoir été victime d’une agression sexuelle durant son enfance. Le Burkina Faso n’échappe pas à cette triste réalité. Au CHU pédiatrique Charles de Gaule (CHUP-CD), le service social a notifié 10 cas de coups et blessures volontaires, un cas de mutilation génitale féminine, 10 cas de violences sexuelles, 9 cas d’abandon d’enfants au sein de l’hôpital. Dr Tapsoba W Toussaint, chirurgien pédiatre au CHU pédiatrique Charles De Gaules nous en dit davantage sur ce phénomène qui prend de l’ampleur.

Quels sont les cas que le service de chirurgie a reçus ?

Nous avons rencontré des cas d’agression physique, sexuelle. En 2021, nous avons organisé un panel sur la prise en charge des cas de maltraitance d’enfants dans notre structure hospitalière. Pour ce besoin, nous avons mené une petite enquête rétrospective par rapport à l’activité que nous menons à l’hôpital pédiatrique ici et nous avons constaté sur une période de un an et demi, 2 cas d’agressions physiques et un cas de violence sexuelle.

A côté de ces cas d’agressions physiques, nous avons enregistré un phénomène qui peut être intégré dans des cas de maltraitances. Il s’agit du refus de soins par les parents.

Au niveau de l’hôpital, nous rencontrons certaines pathologies pour lesquelles les médecins recommandent un traitement précis et qui se heurtent souvent à la décision des parents qui décident de sortir pour aller chez les guérisseurs traditionnels. Malgré nos explications, les parents sortent avec les enfants avec tous les risques qui peuvent êtres fatales pour lui. Et sur la période d’un an et demi, nous avons recensé 68 cas rien que dans le service de chirurgie. En service de médecine, en 2019, ils ont enregistré 19 cas de patients sortis contre avis médical.

Nous avons aussi enregistré des cas de violences sexuelles et il faut noter que ces violences sexuelles ne concernent pas seulement que des filles. Avec la tendance actuelle de l’homosexualité, il y a des agresseurs qui s’intéressent aussi aux petits garçons et nous avons déjà reçu des cas même si c’est rare.

Avez-vous des statistiques au plan national ?

A peu près 5% des enfants âgés de 12 à 17 ans sont concernés par cette maltraitance physique. Pour les enfants âgés de moins de 12 ans, un enfant sur 4 est victime de cette maltraitance physique dans notre pays. Les violences psychologiques intéressent en gros 25% des adolescents et à peu près 27% des enfants de moins de 12 ans.

Comment savoir que son enfant a été agressé ?

Si l’enfant se plaint des problèmes au niveau de ses organes génitaux, si les parents constatent des saignements au niveau des sous-vêtements des enfants ou s’ils ont le moindre doute, qu’ils emmènent immédiatement l’enfant à l’hôpital.

Mais il faut savoir que ce n’est pas tout saignement au niveau vulvaire chez une fillette qui est liée à une agression sexuelle. Il faut d’abord qu’ils se rassurent si l’enfant n’est pas tombé ou n’a pas eu un choc au niveau du périnée.

Comment se passe la prise en charge ?

La prise en charge est pluridisciplinaire. Dans cette agression sexuelle, l’agresseur peut occasionner une transmission de certaines infections à l’enfant, notamment les maladies sexuellement transmissibles telles que l’infection à VIH et l’hépatite B. Il y a des prélèvements que nous faisons et en fonction du niveau de risque, nous sommes souvent emmenés à administrer un traitement pour prévenir une éventuelle infection notamment une infection à VIH.

Donc il y a le concours des pédiatres, de nos collègues de pharmacie, l’accompagnement de psychologues, le service social qui constitue une interface entre nous praticiens cliniciens et le domaine de la juridiction.

Madina Belemviré

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

trois + 10 =