Schizophrénie : ce n’est pas un génie qui parle, c’est une maladie qui crie
Imaginez une voix qui chuchote sans cesse à votre oreille, des yeux qui voient ce que personne d’autre ne perçoit, un monde qui s’écroule dans votre esprit alors qu’il semble intact aux autres. En Afrique, lorsque ces symptômes apparaissent, on murmure souvent : « Il est possédé. » Pourtant, il ne s’agit ni de génies, ni de malédictions, mais d’une maladie bien réelle : la schizophrénie.

La schizophrénie, c’est comme une tempête silencieuse qui se lève lentement, presque discrètement. Elle peut prendre des mois, voire des années, avant de révéler ses vrais visages. Au début, ce sont de petits indices : une personne devient distante, s’isole, s’agite étrangement. Puis, la tempête éclate. Des idées délirantes, des voix imaginaires, des hallucinations envahissent le quotidien. Le malade perd pied, et souvent, son entourage aussi.
Pourtant, cette maladie reste incomprise. Trop souvent, elle est réduite à des croyances mystiques. Les génies ne sont qu’un mythe qui voile une réalité scientifique : la schizophrénie est un trouble mental grave, influencé par des facteurs génétiques, biologiques et environnementaux. Ce n’est pas un choix, encore moins une faiblesse.
Les causes de la schizophrénie sont floues. Est-ce la génétique ? L’environnement ? Ou encore des déséquilibres biologiques dans le cerveau ? Il n’y a pas de réponse simple. Tout ce que l’on sait, explique le Pr Arouna Ouédraogo, psychiatre, c’est qu’elle peut frapper n’importe qui. Un jeune homme brillant, une mère dévouée, un étudiant en pleine réussite. Tout le monde peut être touché. Et quand cela arrive, les conséquences peuvent être dévastatrices.
Et si on vous disait qu’un schizophrène n’a pas seulement besoin d’un exorcisme, mais surtout d’une aide médicale ? Non prise en charge, prévient le Pr Ouédraogo, cette maladie peut briser des vies. Elle pousse les malades à quitter leur travail, à abandonner leurs études, à être rejetés par une société qui ne comprend pas leur souffrance. Et dans les cas les plus sombres, elle les mène au suicide.
Mais il y a de l’espoir. Oui, il y a des traitements. Non, ils ne guérissent pas toujours, mais ils stabilisent. Ils permettent de ramener un peu de lumière dans des esprits noyés par l’obscurité. Ce que la schizophrénie réclame, ce n’est pas le rejet, mais la compréhension. Ce ne sont pas des chaînes mystiques, mais des soins, une oreille attentive, une main tendue.
La schizophrénie n’est ni une malédiction ni une possession. C’est un trouble mental que nous devons comprendre, briser les tabous et les stéréotypes qui l’entourent. La schizophrénie, ce n’est pas un combat contre des esprits imaginaires. C’est un combat pour que chaque patient retrouve sa dignité et sa place dans une société qui doit apprendre à écouter, au-delà des murmures des génies.
Madina Belemviré