Syndrome du cœur brisé : il touche 9 femmes contre 1 homme (Dr Sawadogo)

Syndrome douloureux thoracique qui mime un infarctus du myocarde, le Tako-Tsubo ou syndrome du cœur brisé est une maladie rare qui touche beaucoup plus de femmes surtout après la ménopause, que d’hommes, soit neuf femmes contre un homme. Dans les pays où le dispositif existe pour aller jusqu’au bout du diagnostic, le nombre de cas s’est multiplié par 5 avec la pandémie de la Covid 19. Entre origine facteurs de risques et prise en charge, le Dr Jacob Sawadogo, Chef de service cardiologie à l’hôpital Schiphra nous dit tout sur ce syndrome du stress.

Dr Jacob Sawadogo, médécin cardiologue

Pourquoi l’appellation Tako- Tsubo ou syndrome du cœur brisé ?

Tako-Tsubo est le nom d’un piège à poulpe au Japon (où la maladie a été décrite pour la première fois). La maladie a été appelée Tako- Tsubo parce que quand on fait la ventriculographie à une personne qui en souffre, c’est-à-dire si on injecte le produit de contraste qui permet de voir le cœur à l’écran, celui-ci apparait comme ce piège à poulpe. D’où l’appellation Tako- Tsubo, ou le syndrome du cœur brisé parce qu’il y a une partie du cœur qui ne bouge pas, ou syndrome du cœur heureux ou encore la cardiomyopathie du stress.

Quels peuvent être les facteurs favorisants du Tako- Tsubo?

D’une manière générale, il survient le plus souvent à la suite d’un stress qui peut être émotionnel ou physique ou les deux associés :

– Une rupture amoureuse,
– Un évènement choquant,
– La perte d’un emploi,
– Quelque fois le facteur déclenchant est une intervention chirurgicale,
– Il y a des rares cas où un évènement heureux est à l’origine de ce syndrome comme par exemple une demande en mariage, un coup de foudre… C’est pour cela que d’autres l’appellent syndrome du cœur heureux,
– On pense aussi qu’un facteur génétique intervient
– Il est associé le plus souvent à des troubles neurologiques ou psychiatriques.

Comment il se manifeste ?

Il se manifeste par :

– Une douleur thoracique comme un serrement au niveau de la poitrine, accompagnée souvent de nausées qui peut irradier vers les mâchoires, les bras, surtout le bras gauche,

– Mais il faut savoir que certains patients arrivent pour des signes d’insuffisance cardiaque parce que le Tako-Tsubo peut entrainer une insuffisance cardiaque. (Dyspnée d’effort, toux, œdèmes des membres inférieurs, souffle cardiaque etc)

Que se passe-t-il si la personne n’est pas prise en charge tôt ?

– C’est une maladie qui est généralement bénigne, le plus souvent entièrement réversible sans séquelles. Mais quelque fois, il y a des formes graves qui peuvent aller jusqu’à la défaillance cardiaque. Dans ces conditions, quand la prise en charge n’est pas rapide et efficace, on peut malheureusement aboutir au décès du patient,

– Il peut y avoir d’autres conséquences comme la formation de caillots de sang par défaut de contractilité des parois du cœur qui sont concernées. Ces caillots peuvent être à l’origine d’accidents ischémiques comme les AVC ischémiques.

Comment se passe la prise en charge ?

Elle doit se faire dans un milieu spécialisé. C’est une prise en charge d’un syndrome douloureux thoracique, comme un infarctus du myocarde ou d’une insuffisance cardiaque. Donc ça se fera avec des médicaments de l’insuffisance cardiaque, mais aussi et surtout d’une coronarographie qui est un examen permettant d’apprécier l’état des artères du cœur, quelque fois de poser un geste thérapeutique lorsque les artères sont bouchées afin de les dilater. Il faut surtout mettre l’accent sur les facteurs déclenchant. Lorsque c’est un facteur psychologique, il faut qu’il y ait l’intervention d’un psychologue ou psychiatre.

Des conseils à l’endroit des populations ?

Une douleur thoracique quoi qu’elle évoque un syndrome du cœur brisé ou pas, doit faire l’objet d’une consultation parce que c’est une maladie qui peut être bénigne mais qui peut être aussi grave pouvant conduire à la mort.

Madina Belemviré

Encadré

Origine du Tako-Tsubo
C’est une maladie décrite en 1990 au Japon par un auteur japonais HIKARU Sato qui en a décrit 5 cas. Pendant longtemps, on a cru que c’était une maladie purement japonaise, jusqu’à ce qu’à la fin des années 1990, où des équipes françaises et américaines décrivent aussi des cas avant que ça ne se généralise et qu’on ne se rende compte qu’il ne s’agit pas d’un problème purement japonais, mais d’un problème qui peut se retrouver un peu partout.

 

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