Alzheimer : Quand la mémoire s’efface, l’identité se perd
Imaginez une vie où chaque souvenir s’efface, chaque pensée devient floue, où même les visages familiers se transforment en étrangers. C’est ce que vit une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, une maladie du cerveau qui détruit progressivement les fonctions intellectuelles essentielles à notre quotidien. La mémoire, le raisonnement, le langage, l’orientation dans le temps et l’espace… tout est peu à peu emporté par cette tempête invisible.

La maladie d’Alzheimer ne frappe pas du jour au lendemain. Elle commence par des troubles de la mémoire, des oublis qui semblent anodins au début, mais qui deviennent de plus en plus fréquents. Ensuite, l’autonomie du malade est réduite. Il devient difficile, voire impossible, de gérer ses tâches quotidiennes, comme se déplacer, prendre ses médicaments, ou même utiliser un téléphone. À mesure que la maladie progresse, des démences sévères se manifestent. Le malade ne reconnaît plus ses proches, il oublie les détails fondamentaux de sa propre vie, comme son nom ou son âge. Le temps passe, mais la mémoire s’échappe, laissant place à une dépendance totale.
La durée d’évolution de cette maladie varie, mais elle peut durer entre huit et dix ans. En plus des troubles de la mémoire, la personne peut souffrir d’autres atteintes cognitives comme des difficultés de langage, une désorientation spatiale, des troubles de l’attention, ou encore des changements de comportement. La dépression, l’isolement et les troubles du sommeil sont également fréquents, rendant la vie du patient encore plus difficile.
D’après les études réalisées au Burkina Faso, la prévalence de la maladie d’Alzheimer est de 4,55 cas pour 1000 patients reçus en consultation pour des troubles de mémoire. Un chiffre qui montre que cette maladie ne touche pas uniquement les pays développés. En effet, il existe actuellement plus de 50 millions de personnes dans le monde atteintes de la maladie d’Alzheimer, un chiffre qui devrait continuer à croître en raison du vieillissement de la population mondiale.
Mais d’où vient cette maladie ? À ce jour, renseigne le Pr Christian Napon, médecin neurologue, les causes précises de l’Alzheimer restent inconnues. Cependant, des facteurs génétiques sont à l’origine de certaines formes familiales de la maladie. Environ 5 à 15 % des cas d’Alzheimer sont héréditaires, avec des anomalies génétiques bien identifiées. Un parent malade peut transmettre cette maladie à ses enfants, avec un risque de 50 % de transmission du gène anormal. Cependant, la majorité des cas d’Alzheimer sont sporadiques, c’est-à-dire non héréditaires.
L’Alzheimer serait aussi avant toute une conséquence du vieillissement du cerveau. Les cellules nerveuses meurent de manière anormale, souvent en raison de dépôts de protéines dans le cerveau, perturbant ainsi la communication entre les cellules et entraînant la mort de ces dernières.
Qui est touché par cette maladie ? Principalement les personnes âgées. À partir de 65 ans, la prévalence de la maladie augmente, atteignant 3 % pour ceux entre 65 et 75 ans, et jusqu’à 32 % pour ceux de plus de 85 ans. Mais la maladie peut aussi affecter les plus jeunes. Dans 5 à 15 % des cas, la maladie se manifeste bien avant 65 ans, vers la quarantaine, sous une forme précoce.
Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés, notamment ceux liés aux maladies cardiovasculaires. Un taux de cholestérol élevé, l’hypertension artérielle, ou encore un manque d’exercice physique augmentent les risques d’Alzheimer. Un cœur qui ne fonctionne pas bien prive le cerveau de l’oxygène et de la nourriture nécessaire à son bon fonctionnement, ce qui perturbe la communication entre les cellules nerveuses.
Un autre facteur de risque moins souvent évoqué est le célibat. Vivre seul, sans interaction sociale régulière, semble augmenter les chances de développer cette maladie. Les relations sociales et la stimulation intellectuelle sont des éléments cruciaux pour préserver la santé du cerveau.
À ce jour, il n’existe pas de traitement médical capable de ralentir l’évolution de la maladie d’Alzheimer. Cependant, des traitements peuvent être prescrits en fonction des symptômes spécifiques du patient. Ces traitements visent à atténuer certains troubles cognitifs ou comportementaux, mais ils ne stoppent pas la progression de la maladie. En dehors de cela, la prise en charge des patients nécessite une approche globale avec une équipe pluridisciplinaire pour offrir un cadre sain et rassurant au patient, afin qu’il puisse être le plus à l’aise possible tout au long de son parcours. Il faut savoir que le maintien d’une activité mentale régulière est également essentiel. Apprendre de nouvelles compétences, lire, faire des jeux de réflexion…, toutes ces activités stimulent le cerveau et peuvent aider à retarder l’apparition de la maladie.
Madina Belemviré