Automédication : « Si les gens ont peur de mettre n’importe quoi dans les yeux, ils n’ont pas aussi peur de mettre des choses dans les oreilles comme dans le nez », Pr Bertin Ouédraogo.

Définie comme la prise de médicaments sans avis médical, l’automédication est favorisée par l’information facile, les publicités de diverses sortes de produits sur les réseaux sociaux… Cette pratique qui est de plus en plus en vogue au Burkina est-elle sans danger ? Le Pr Bertin Ouédraogo, Chef de service de chirurgie et spécialités chirurgicale au CHU de Tengandogo nous donne son avis sur cette pratique. Titulaire en ORL et en chirurgie cervico faciale à l’Université Joseph Ki Zerbo, Pr Ouédraogo est également le président de la Société burkinabè d’ORL et de chirurgie cervico faciale.

Que pensez-vous de l’automédication ?

L’automédication constitue un problème général auquel toutes les spécialités sont confrontées. Mais en ORL, nous sommes encore préoccupés par cette automédication. Si les gens ont un peu peur de mettre n’importe quoi dans les yeux, ils n’ont pas aussi peur de mettre des choses dans les oreilles comme dans le nez. En ORL, il y a beaucoup d’automédication et ce sont des pratiques qu’il faut déconseiller fortement. Au-delà du fait que qu’elle expose celui qui prend le médicament sans avis médical à des risques liés au médicament, l’automédication favorise un mauvais traitement mais aussi des complications de chez ces maladies.  On prend un traitement, on a l’impression qu’on a résolu le problème et malheureusement la maladie est là, elle continue d’évoluer. Après on se retrouve surpris d’être dans une phase de complication de la maladie, tout simplement parce que le produit qu’on a pris n’a pas résolu le problème.

Le Burkina Faso dispose de combien de spécialistes ORL ?

Pour le Burkina Faso, nous sommes passés de 1-2 spécialistes à une trentaine de médecins spécialistes avec d’autres qui sont en formation. Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Kaya, Ouahigouya, Koudougou ont tous des médecins ORL et je crois que ça va continuer parce qu’on a la formation des spécialistes au Burkina depuis plusieurs années. Chaque année, il y a au moins une promotion qui sort et de manière progressive, toutes les régions vont être couvertes et avec l’appui des attachés de santé qui sont au niveau des régions. Nous avons à peu près 150 attachés de santé jusqu’aux structures de santé de deuxième niveau. Je pense qu’il y a quand même une relative accessibilité aux soins spécialisés et il n’y a aucune raison que les patients ne puissent pas accéder aux soins de santé en spécialité ORL. Et je crois que pour beaucoup d’autres spécialités, c’est la même chose, pour peu que les gens veuillent aller les voir.

Quels conseils avez-vous à donner aux populations ?

Aujourd’hui on n’a pas de raison d’aller à l’automédication parce qu’on a de plus en plus de professionnels de la santé, des spécialistes dans tous les domaines et particulièrement en ORL. Je peux comprendre que dans certains domaines, certains milieux il n’y a pas encore de médecins spécialistes ORL. Mais dans les grandes villes, il n’y a aucune raison que l’on ne puisse pas aller voir  un médecin ORL ou un attaché de santé en ORL pour une pathologie ORL. Aujourd’hui,  nous avons des médecins ORL qui sont formés, qui sont en train de couvrir les différentes régions du Burkina. Néanmoins, quel que soit la région au Burkina, nous avons des agents de première ligne qui abattent un gros boulot : ce sont les attachés de santé.

Madina Belemviré

 

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