Burkina Faso : 12000 cas de cancers enregistrés en 2020 dont 7700 femmes et plus de 4000 hommes

Dr Augustin Bambara, cancérologue médical

Le cancer est une maladie grave qui peut toucher toutes les parties du corps humain. Elle est caractérisée par une multiplication anarchique (désordonnée) des cellules de l’organisme qui n’obéissent plus aux mécanismes qui contrôlent la vie normale d’une cellule. Au Burkina Faso, environ 12000 cas de cancers ont été enregistrés en 2020. Les femmes étaient plus atteintes que les hommes avec 7700 cas et un peu plus de 4000 cas chez les hommes. A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le cancer qui se tient tous les 4 février, notre spécialiste du cancer et de ses traitements, Dr Augustin Bambara, cancérologue médical, maître de conférences agrégé à l’Université Joseph Ki-Zerbo fait le point des cancers les plus fréquents au Burkina Faso et des différents moyens thérapeutiques.

 Quels sont les cancers les plus fréquents au Burkina Faso ?
Les cancers les plus fréquents selon les estimations de l’année 2020 :


Chez la femme :
• Le cancer du sein  : 2000 cas

• Les cancers du col de l’utérus : 1130 cas
• Le Cancer du foie  : 450 cas
• Le cancer de l’ovaire : un peu plus de 400 cas

Chez l’homme :
• Le cancer de la prostate  : 1000 nouveaux cas

Cancer du foie  : 800 cas
• Cancer de la vessie : Un peu plus de 300 cas


Tous sexes confondus, le cancer du sein vient en tête avec plus de 2000 cas, suivi du cancer du foie avec 1240 cas, du cancer du col de l’utérus et du cancer de la prostate.


 Quels sont les facteurs de risque ?
Ils sont nombreux et varient selon le type de cancer. Mais d’une façon générale, si on veut considérer les facteurs de risques des cancers pris dans leur ensemble :


• Le tabagisme vient en tête car c’est le principal facteur de risque modifiable, c’est-à-dire évitable. Il est responsable d’environ 35% des cancers dans le monde ;
• Ensuite viennent les infections qui sont responsables d’environ 30% des cancers. Parmi ces infections, on peut citer les infections liées au virus dont le virus du papillome humain (HPV) qui est responsable du cancer du col de l’utérus et des cancers de la cavité buccale, le virus de l’hépatite B et celui de l’hépatite C qui sont responsables dans notre contexte de la plupart des cancers du foie, les bactéries tel que l’Helicobacter pylori qui est responsable du cancer de l’estomac. Parmi les parasites, on peut citer le Schistosoma haematobium qui est responsable de la bilharziose urinaire et du cancer de la vessie.
• Il y a d’autres facteurs tels que l’alcool qui est responsable d’environ 10% des cancers, les facteurs alimentaires qui sont responsables d’environ 8% des cancers mais qui sont plus difficiles à caractériser dans notre contexte.


 Quels sont les différents moyens thérapeutiques ?
On peut retenir :


• La chirurgie qui consiste à enlever le cancer lorsque cela est possible ;
• La radiothérapie qui est un traitement qui utilise des radiations ionisantes, c’est-à-dire des rayons pour détruire des cellules cancéreuses. Cela se passe dans un Centre particulier avec des machines sophistiquées. Le Burkina n’en a pas encore, mais il y a des Centres de radiothérapie qui sont en train d’être équipés. Il y a un qui a été pratiquement équipé et un autre qui est en équipement. Pour l’instant les patients ne peuvent pas en bénéficier ici, ils sont obligés d’aller à l’extérieur pour recevoir ce traitement ;
• La chimiothérapie qui utilise des médicaments que l’on met le plus souvent par voie intraveineuse. Ces médicaments ont pour objectif d’aller détruire les cellules cancéreuses partout où elles se trouvent. Ce traitement est disponible au Burkina Faso, mais le prix des médicaments est souvent élevé pour le patient ;
• Il y a d’autres traitements tels que l’hormonothérapie qui accompagne souvent la chimiothérapie et les thérapies ciblées qui sont des médicaments relativement nouveaux par rapport aux autres mais qui coûtent extrêmement chers et très peu de patients peuvent en bénéficier dans notre pays.

 Quelles sont les difficultés rencontrées dans la prise en charge ?
• Non Disponibilité des moyens de traitement : leur coût est souvent élevé,
• Le retard à la consultation et au diagnostic des malades qui viennent tardivement à tel point qu’on ne peut plus les opérer.


Madina Belemviré

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

4 × 1 =