Coup tiré, dodo assuré : pourquoi le sexe est un somnifère naturel?
Vous venez de tout donner sous la couette, de faire trembler le matelas, de repousser les limites de l’endurance…, et là, boum ! L’un des deux (ou les deux) s’écroule comme un téléphone avec 1 % de batterie. Est-ce un complot pour éviter les câlins post-match ? Ou une stratégie pour esquiver la prolongation ? Pas du tout. Mais pourquoi après l’amour, certains plongent dans un sommeil profond comme s’ils avaient couru un marathon ? Explications.
Ça y est, c’est fait. Vous avez tout donné, vous êtes bien, détendu(e)… et puis, au lieu d’un câlin ou d’un petit mot doux, l’autre commence déjà à ronfler. Vous vous demandez si c’est normal ? Eh bien, oui ! Et c’est la faute aux hormones.
Il faut savoir que l’orgasme libère certaines hormones qui facilitent le sommeil. D’abord la dopamine, l’hormone qui déclenche cette sensation de plaisir intense. Juste après, le corps enchaîne avec l’endorphine, l’hormone qui détend, apaise et fait oublier le stress. Résultat, on se sent léger, comme sur un petit nuage, à tel point qu’on pourrait presque s’imaginer en train de flotter au-dessus du matelas. Ensuite, place à l’ocytocine et la vasopressine, les hormones qui renforcent le lien entre les partenaires. Pour déclencher des sécrétions de vasopressine et d’ocytocine, il ne faut pas forcément attendre l’orgasme : des caresses, des câlins, de la tendresse, des baisers et des mots doux sont des déclencheurs puissants de ce mécanisme d’attachement et de fidélité. La vasopressine, en particulier, joue également un rôle majeur dans les comportements défensifs, comme la protection du partenaire. En gros, si un ours s’approche, vous serez prêt(e) à défendre votre territoire.
La vraie coupable du sommeil, c’est la prolactine. Cette hormone, libérée en grande quantité après l’orgasme (surtout chez les hommes), a un effet sédatif. Mais petite précision, se faire plaisir tout seul à travers la masturbation ne provoque pas le même effet. Pourquoi ? Parce que l’orgasme à deux déclenche quatre fois plus de prolactine qu’en solo. Plus c’est intense, plus ça assomme ! Comme si le corps disait : « Bravo, vous avez gagné un ticket pour le pays des rêves ! »
Et ça ne s’arrête pas là. En 2012, le Dr Serge Soléru et son équipe ont scruté les mécanismes du cerveau masculin après l’amour pour comprendre pourquoi les hommes ont souvent tendance à s’endormir. Les résultats ? Après l’orgasme, les hommes entrent dans une phase où toute stimulation est inefficace, ce qui explique leur difficulté à avoir des orgasmes multiples comme les femmes. Leur recherche a montré qu’après le plaisir, certaines parties du cerveau se mettent en veille, tandis que d’autres libèrent des substances qui aident à dormir, comme la sérotonine et les opioïdes. En gros, cela plonge les hommes dans un sommeil réparateur et éteint tout désir supplémentaire.
Et les femmes dans tout ça ? Elles aussi peuvent sombrer dans le sommeil après l’amour. Selon des chercheurs de la State University of New York à Albany, cette tendance viendrait de nos ancêtres. À l’époque, rester allongée après un rapport augmentait les chances de grossesse. Ce réflexe est resté, et même si aujourd’hui ce n’est plus une question de survie, certaines femmes ressentent toujours ce besoin de se reposer après l’acte.
Selon le Dr Dominique Zida, spécialiste du sommeil, tout repose sur un point clé : « Pas d’orgasme, pas d’effet somnifère ». Il faut que l’expérience soit satisfaisante pour déclencher le relâchement des hormones du sommeil. Et puis, il y a aussi une baisse du cortisol, l’hormone du stress, qui vient faciliter le passage en mode veille. Voilà pourquoi, après un vrai bon coup, l’un des partenaires fond dans le matelas pendant que l’autre se demande s’il doit envoyer une demande de rappel.
Alors la prochaine fois que votre partenaire s’endort après l’amour, ne le prenez pas mal. Ce n’est pas un manque d’intérêt, juste une réaction normale du corps.
Madina Belemviré
