Déclaré mort, il respire encore : le combat d’un bébé prématuré

La prématurité, ce mot lourd de sens, évoque souvent des inquiétudes et des craintes. Un bébé est considéré comme prématuré lorsqu’il naît avant la 37ᵉ semaine de grossesse, soit environ 8 mois et demi. À titre de comparaison, une grossesse normale dure entre 37 et 41 semaines, ce qui correspond à 9 mois complets. Selon l’Organisation mondiale de la santé, près de 15 millions de bébés, soit un sur dix, naissent prématurément chaque année dans le monde. Une statistique glaçante, accentuée par le fait que les complications liées à la prématurité restent la première cause de décès chez les enfants de moins de cinq ans.

Au Burkina Faso, ce fléau se classe comme la troisième cause de décès dans les formations sanitaires, après le paludisme et les infections néonatales. En 2018, sur 759 084 naissances enregistrées dans le pays, 16 940 étaient prématurées, soit environ 2%. Derrière ces chiffres se cachent des histoires humaines, des combats et, parfois, des miracles.

Madame Sanfo, dont l’histoire résonne comme un hymne à l’espoir, a vécu cette réalité. À vingt-huit semaines de grossesse, soit environ 7 mois, elle accouche dans un centre de santé à Ouagadougou. Dès son arrivée, le verdict est lourd. L’accouchement sera difficile et elle est invitée à changer de centre. Chose qu’elle refuse. « Comme c’est arrivé, je préfère rester ici », confie-t-elle.

Après la naissance, l’annonce est brutale. Son bébé est déclaré mort-né. Le corps du petit est couvert et déposé, tandis qu’on demande à son mari de préparer un carton pour emporter l’enfant. Couchée, Madame Sanfo (nom d’emprunt) ressent une intuition profonde, presque surnaturelle. « Il y a quelque chose qui m’a dit que je ne peux pas mettre au monde un enfant sans le voir. » Elle se lève pour vérifier, animée par une force intérieure inexplicable. En s’approchant, elle remarque que le bébé respire encore. Cette découverte bouleverse tout. Le médecin est alerté, et dans un élan d’urgence, le bébé est transféré à la pédiatrie. Là, un miracle se produit : l’enfant ouvre les yeux. Placé en couveuse, il lutte trois mois durant.

Aujourd’hui, ce bébé que l’on croyait perdu a 11 mois. Son histoire est une leçon de courage, de persévérance et de foi. Madame Sanfo, avec émotion, lance un message à toutes les femmes confrontées à la prématurité : « Je n’y croyais pas, mais Dieu a voulu que ce soit mon enfant. À toutes celles qui vivent cela, ne vous en faites pas. Si Dieu veut que ce soit pour vous, ce sera pour vous. »

Au-delà de cette histoire personnelle, le combat contre la prématurité doit mobiliser les efforts de tous : familles, soignants et décideurs. L’accès aux soins adaptés, notamment la disponibilité de couveuses et une meilleure formation du personnel médical, est essentiel pour que chaque naissance prématurée ne soit plus synonyme d’incertitude ou de deuil. La vie est un combat, et même les plus petits soldats peuvent en sortir victorieux. Cette histoire nous rappelle que l’espoir, aussi fragile soit-il, est une lumière à ne jamais éteindre.

Madina Belemviré

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