Jeûne du ramadan : Pourquoi il est dangereux pour les personnes souffrant de maladies rénales ?

Le jeûne du ramadan est l’un des piliers de la religion musulmane. Mais il n’est pas une obligation quand on n’est pas dans la possibilité de le faire. Sur ce point, le Saint Coran est clair. Les personnes dont la santé est fragile et dont la pratique du jeûne pourrait les mettre en danger sont exemptés du jeûne. Avec la pratique du jeûne, beaucoup de maladies telles les maladies rénales peuvent être décompensées. Pourquoi jeûner est-il dangereux pour les personnes souffrant de maladies rénales ? Médecin néphrologue au CHU Yalgado Ouédraogo, Dr Sati Ahmed Kadio, explique apporte des éclaircissements.

Pourquoi jeûner est-t-il dangereux pour les personnes qui ont une maladie rénale ?

Pour les patients qui ont une maladie rénale, le rein peut être malade et assurer toutes ses fonctions. Mais il y a certaines maladies rénales où le jeûne est fortement déconseillé voir contre-indiqué. Pour quelqu’un qui souffre de calculs de reins, cela veut dire que ses urines sont très concentrées et dans ce cas, il faut s’abstenir de concentrer davantage les urines en pratiquant le jeûne. Ce sont des patients à qui on conseille de beaucoup boire dans la journée.

Quand vous pratiquez le jeûne dans la journée, vous avez tendance à émettre moins d’urines. Le métabolisme du corps change. Il y a une rétention d’urines et l’urine étant un milieu de sursaturation, il y a une concrétion autour des micro cristaux et il y aura beaucoup plus de calculs qui vont se former.

C’est pourquoi les patients qui ont des maladies rénales à type de maladie lithiasique font beaucoup plus de lithiase rénale au moment du jeûne. Beaucoup d’études ont été faites dans les pays où on pratique beaucoup le jeûne et il est ressorti qu’il y a une incidence plus élevée pendant le mois du jeûne chez ces patients.

Et les patients sous dialyse ?

Les patients sous dialyse sont des patients qui ont beaucoup de co-morbidité. Ce sont des patients qui, dans la journée prennent au minimum 4 à 5 médicaments différents, pour pallier au fait que le rein n’assure plus plusieurs de ses fonctions.

Ce sont des patients qui prennent beaucoup de principes actifs différents dont la biodisponibilité n’est pas souvent très longue, donc il faut plusieurs prises dans la journée. A cause de cela, il est difficile pour un patient hémodialysé de pratiquer le jeûne.

Avez-vous déjà reçu des patients qui ont eu des problèmes en pratiquant le jeûne malgré les contre-indications ?

Oui, nous avons déjà reçu des patients qui par la pratique du jeûne, ont présenté une décompensation de leur maladie sous-jacente. Parfois, ce sont des patients qui n’ont pas une insuffisance rénale à un stade avancé, mais qui ont eu une aggravation de leur maladie du fait de la pratique du jeûne.

Madina Belemviré

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