L’impact de la fistule obstétricale en Afrique : Un appel à l’action du REMAPSEN et d’Intra Health International

Le Réseau des Médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN) a organisé un webinaire qui a réuni plus d’une cinquantaine de journalistes des pays membres du REMAPSEN le mercredi 25 octobre, mettant en lumière un fléau qui sévit en Afrique : la Fistule Obstétricale. Animée par le directeur régional d’Intra Health International pour l’Afrique, Cheick Touré, cette session a exposé une réalité troublante, révélant que la fistule obstétricale est non seulement un problème de santé publique, mais aussi une forme insidieuse de violence basée sur le genre.

Cheick Touré, Directeur régional d’Intra Health International pour l’Afrique

La fistule obstétricale est une lésion traumatique qui survient lors d’un travail prolongé, lorsque la tête du bébé exerce une pression continue sur les os du bassin, provoquant une déchirure entre les voies urinaires ou, plus rarement, le rectum, et la paroi vaginale. Pour les femmes qui survivent à cette épreuve, les conséquences sont dévastatrices, avec des pertes d’urine ou de selles incessantes, jour et nuit.

Le Directeur régional d’Intra Health International pour l’Afrique, Cheick Touré souligne l’ampleur du problème, expliquant que la fistule obstétricale est un véritable fléau dans les pays en développement. L’OMS estime que plus de 2 millions de femmes en souffrent dans le monde, dont 90 % vivent en Afrique et en Asie du Sud. Chaque année, plus de 100 000 nouveaux cas sont enregistrés.

Un lien troublant avec le mariage forcé

Le webinaire a mis en lumière un lien profondément préoccupant entre la fistule obstétricale et le mariage forcé. Selon les données partagées par M. Touré, 88 % des patientes atteintes de fistule ont été mariées pour la première fois pendant leur adolescence, entre 10 et 19 ans. Cela souligne la vulnérabilité de nombreuses jeunes femmes confrontées à des mariages imposés et à des grossesses précoces.

Ce qui entraine selon lui, des conséquences sociales aussi dévastatrices que les aspects médicaux. « Les femmes touchées sont confrontées à la perte de leurs enfants, à l’exclusion sociale, à la marginalisation, à l’isolement, à l’exclusion religieuse, à l’abandon par leur mari et parfois au divorce. Les traumatismes psychologiques liés à cette condition sont également considérables », a-t-il révélé notant que la prévention et le traitement de la fistule obstétricale se heurtent à de multiples obstacles, notamment le manque d’information, l’inadéquation des structures de santé, le manque de ressources humaines qualifiées et compétentes.

Cheick Touré a donc sollicité la contribution du REMAPSEN pour réduire la prévalence de cette condition.

La fistule obstétricale, il faut le rappeler, touche principalement les femmes les plus vulnérables, en particulier les jeunes et les pauvres en milieu rural. Pour lutter contre cette violence basée sur le genre, l’accès à une aide obstétricale qualifiée est essentiel, mais reste un défi majeur en raison du coût élevé du traitement.

Intra Health International, en partenariat avec de nombreux acteurs, s’efforce de combler le fossé des soins de santé en collaborant avec les agents de santé pour offrir des soins de santé critiques. Leur mission vise à améliorer la performance des agents de santé et à renforcer les systèmes dans lesquels ils travaillent. Avec des opérations dans plus de 100 pays et 950 partenaires locaux à travers le monde, ils jouent un rôle crucial dans la lutte contre la fistule obstétricale en Afrique.

Madina Belemviré

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