Sans utérus, sans va.gin : L’épreuve silencieuse des jeunes filles touchées

Lorsque l’on parle de la féminité, on pense souvent aux règles, à la maternité, au corps qui se transforme à l’adolescence. Mais pour certaines jeunes filles, une réalité insoupçonnée bouleverse ce schéma préconçu : naître sans utérus et sans vagin. Une malformation rare, méconnue, qui ne se dévoile qu’à l’adolescence, lorsque les premières règles se font attendre.

Le syndrome de Rokitansky, du nom du médecin qui l’a identifié, est une affection congénitale qui survient très tôt, dès la sixième semaine de grossesse. En raison d’une anomalie encore mal comprise, l’utérus ne se développe pas, et le vagin peut être absent ou très court. Pourtant, les ovaires fonctionnent normalement, les seins et la pilosité se développent comme chez n’importe quelle adolescente. Mais quand l’absence de menstruations se prolonge, les interrogations surgissent. Pourquoi mon corps ne suit-il pas le cours « normal » des choses ?

C’est souvent lors d’une consultation gynécologique que le diagnostic tombe. Un véritable choc. Comment accepter que l’on ne pourra jamais porter d’enfant ? Que la sexualité pourrait être un défi, douloureuse voire impossible sans intervention médicale ? Le Pr Charlemagne Ouédraogo, gynécologue obstétricien, souligne l’importance d’un accompagnement précoce : « L’annonce du diagnostic est une épreuve psychologique majeure. Ces jeunes filles doivent être encadrées pour comprendre leur corps autrement et apprendre à vivre avec cette différence. »

L’un des premiers gestes recommandés par le spécialiste est l’examen de l’appareil génital du nourrisson. Trop souvent, ces malformations passent inaperçues et ne sont détectées que bien plus tard. Si une jeune fille n’a pas ses règles au-delà de 15 ans, une consultation s’impose.

Heureusement, des solutions existent. Sur le plan chirurgical, la reconstruction d’un vagin est possible selon le spécialiste, permettant d’avoir une vie intime plus épanouie. Mais au-delà des traitements, c’est un véritable accompagnement psychologique qui est nécessaire. Car comment grandir en portant ce secret si pesant, dans une société où la fécondité reste une norme impérative ? Comment dépasser la peur du rejet, la crainte du jugement, et oser en parler ?

Ces jeunes filles doivent savoir qu’elles ne sont pas seules. Qu’elles sont complètes, entrières, valables, même si leur corps a suivi un chemin différent. La science offre des solutions, mais c’est surtout l’amour de soi et l’acceptation qui permettent de se reconstruire. Une féminité différente, mais une féminité tout de même.

Madina Belemviré

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