Suicide: « Sur 5 cas de dépression, nous avons au moins 3 cas de dépression suicidaire » (Pr Yougbaré)

Le suicide est un acte qui consiste à se donner délibérément la mort. Il se traduit par un épuisement des capacités adaptatives, que ce soit psychologique, comportemental. Quand il y a un épuisement de nos capacités adaptatives, nous sommes en mesure d’envisager le suicide comme un moyen au désespoir que l’on éprouve. Qu’est-ce qui peut emmener une personne à mettre fin à sa vie ? Quels sont les signes qui doivent attirer notre attention ? Comment le prévenir ? Pr Sebastien Yougbaré, Maitre de conférences en psychopathologie clinique et psychocriminologie apporte des éléments de réponse. 

Quelles sont les causes du suicide ?

Les causes sont multiples. Nous avons:

L’accumulation des frustrations,

L’accumulation du stress dans les rapports de vie,

La personnalité du sujet : les types de personnalité peuvent être facilitant pour l’aboutissement suicidaire. Nous avons la personnalité dépressive, la personnalité idéale, la personnalité dépressive.

Le suicide approuvé : quand la personne fait le déshonneur familial et personnel,

La perte du prestige, de l’idéal charismatique,

La perte de contrôle de sa propre destinée,

L’autodestruction.

Avez-vous des statistiques?

Dans les consultations en privé, sur 5 cas de dépression, nous avons au moins 3 cas de dépression suicidaire  notamment les adultes dans les champs de travail et les femmes au foyer.

Quels sont les signes qui doivent attirer notre attention ?

Les personnes suicidaires qui sont facilement identifiables :

Le retrait,

Les modifications du comportement,

Le sentiment d’ennui, la perte de contrôle et d’utilité,

Les sentiments d’échecs, d’injustice,

Le décalage entre ce qu’elles font et ce qu’elles pensent,

La perte de sens, la démotivation,

Les difficultés relationnelles dont l’incapacité à supporter une hiérarchie,

L’arrêt de travail à répétition,

Les consultations répétitives chez le médecin,

Les mauvaises ambiances au travail,

Le surinvestissement excessif au travail. Il y a des gens, où travail devient une drogue. C’est suicidaire et il faut faire attention.

Comment le prévenir ?

Réguler l’intensité et le temps de travail,

Réduire l’existence émotionnelle,

Faire attention à la forte exigence psychologique combinée à une absence de marge de manœuvre: en famille, surtout chez les adolescents, il faut faire attention à la forte exigence psychologique et l’absence de marge de manœuvre entre les tâches que l’on demande aux enfants et aux adultes. Plus on manque de marge de manœuvre, pour que le sujet puisse prendre du répli, plus le niveau de stress  est élevé.

Au niveau interpersonnel, notamment au niveau du travail, il faut un soutien des manager. Un travailleur épanoui est un travailleur qui se trouve dans un climat de confiance, de moins d’hostilité et reconnaissant ce qu’il fait.  Il faut une cohésion de l’équipe et un milieu appliquant une tolérance zéro pour ce qui est de l’intimidation ou du harcèlement au travail.

Comment se passe la prise en charge ?

Il faut réagir dans l’urgence quand c’est déjà là, afin de prendre en charge les salariés par la mise en place d’un dispositif de prise en charge. Dans les écoles ou tout cadre de vie, il faut un dispositif d’écoute et de référencement.

Au Burkina, il y a des suicides qui ne sont pas perceptibles parce que nous n’avons pas de dispositif de suivi de ce phénomène alors que nous sommes dans la précarité socio-économique, la crise sécuritaire, la crise humanitaire qui font doublement le nid et favorisent les conduites suicidaires à court et long terme.

Madina Belemviré

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