Diabète gestationnel : « Les complications concernent aussi bien la mère que son enfant » (Dr Nagabila)

Aussi appelé diabète de grossesse, le diabète gestationnel survient chez la femme enceinte vers la fin du deuxième trimestre de la grossesse. S’il n’est pas dépisté à temps, le diabète gestationnel peut entraîner des complications tant pour la mère que pour l’enfant. Quelles peuvent être ces complications ? Et comment les prévenir ? Le Dr Youssouf NAGABILA, médecin interniste au CHU de Tengandogo, répond aux questions du Bulletin Santé.

Dr Youssouf NAGABILA, médecin interniste

Quelles peuvent être les complications ?   

Les complications du diabète gestationnel vont concerner aussi bien la mère que son enfant :

-Chez la mère : les infections génitales ou urinaires (souvent sévères ou à répétition) ; la survenue ou l’aggravation d’une hypertension artérielle ; le risque de survenue d’une complication au niveau de l’œil (rétinopathie) ou du rein (néphropathie), le risque accru d’accouchement difficile et de césarienne.

-Chez l’enfant : les malformations du fœtus, les fausses couches ou accouchements prématurés, la mort fœtale. Après la naissance, on peut observer des difficultés respiratoires ou un taux très bas du sucre dans le sang.

Quelle est la conduite à tenir quand on a un diabète gestationnel ?

En cas de diabète gestationnel, une conduite à tenir à 3 niveaux qui se complètent est indispensable pour obtenir un taux de sucre dans le sang strictement dans les normes :

-Au niveau de la femme enceinte et de son entourage, afin d’obtenir une bonne observance des conseils hygiéno-diététiques, du traitement à l’insuline, du suivi de la grossesse (obstétrical) et du diabète (diabétologique),

-Au niveau du suivi obstétrical, afin de prévenir ou de découvrir précocement les complications afin de trouver des solutions adaptées,

-Au niveau du suivi diabétologique, afin d’obtenir par tous les moyens disponibles un taux de sucre normal dans le sang.

LIRE NOTRE ARTICLE SUR LES FACTEURS DE RISQUES DU DIABETE GESTATIONNEL

Des conseils à l’endroit des populations ?

Concernant le diabète gestationnel, je voudrais formuler des conseils en cinq temps à l’endroit de la population :

– A toute la population: agir sur les facteurs de risque modifiables permet de réduire la survenue de diabète (dont celui dit gestationnel) et mieux vaut très tôt. Dès le bas âge, les enfants acquièrent les habitudes alimentaires et d’activité physique et sportive chez les parents, les grands parents, en famille, à l’école et en société. L’obésité (facteur majeure évitable du diabète) de l’adulte prend souvent ses racines dans l’obésité de l’enfant. Aussi, il est conseillé une alimentation moins sucrée, moins grasse, moins salée, une activité physique régulière d’environ une séance 60 minutes, 2 à 3 fois par semaine ou 30 à 45 minutes, 4 à 7 fois par semaine. L’éviction du grignotage (manger en dehors des 2 ou 3 repas habituels), la réduction du poids en cas de surpoids ou d’obésité.

-Aux jeunes filles, aux jeunes mariées, aux femmes en âge de procréer : il est conseillé une vie sobre, la meilleure pour aujourd’hui et demain, pour vous, l’exemple, l’originale que vos enfants et petits-enfants vont copier.

-Pour celles qui ont un désir de grossesse : il est indiqué de consulter un agent de santé qui selon votre cas, vous proposera un dépistage du diabète et des autres facteurs de risque. Si une quelconque anomalie est retrouvée à l’issue de ce dépistage, l’agent de santé vous aidera à apporter une normalisation ou une amélioration avant de programmer une grossesse

-En cas de grossesse : ce n’est jamais trop tard surtout en présence de facteurs de risque de diabète gestationnel, le dépistage est nécessaire,

-En cas de diabète gestationnel : il s’agit d’une grossesse à risque. De ce fait, il est conseillé que la femme enceinte puisse bénéficier d’un suivi médical adapté qui sera fait par les professionnels de santé de la grossesse et ceux du diabète. Pour la prise en charge du diabète gestationnel, comme le dit l’adage, c’est le dossier qui mène le juge, ça sera aussi le diabète qui mènera le diabétologue.

Celui -ci se doit d’utiliser les armes qu’il faut pour obtenir le résultat qu’il faut, c’est-à-dire un taux de sucre parfaitement normal pour réduire au maximum les complications. A ce titre, il fera appel dans un prremier temps aux conseils hygiéno-diététiques et, si le taux de sucre souhaité n’est pas obtenu en une semaine environ, rapidement l’insuline (utilisée par voie d’injection sous-cutanée) sera nécessaire. Une bonne coopération entre la femme enceinte (et son entourage) et son diabétologue est capitale pour obtenir un taux de sucre strictement normal dans le sang

Madina Belemviré

 

 

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