Dysfonction érectile: un signe d’alarme des maladies cardiovasculaires

La dysfonction érectile (DE), appelée aussi impuissance, est définie comme l’incapacité persistante ou répétée à obtenir et/ou à maintenir une érection suffisante pour permettre une activité sexuelle satisfaisante. Le trouble doit persister pendant au moins 6 mois. Existe-il un lien entre les maladies cardiaques et les troubles de l’érection ? Dr Ala CHEBBI, chirurgien urologue et andrologue à l’hôpital Saint Joseph, à Paris répond aux questions de Bulletin santé.

Quels sont les causes?

Il existe plusieurs causes de dysfonction érectile. Certaines sont particulièrement fréquentes comme le diabète, les pathologies cardio-vasculaires amenant à rechercher les facteurs de risque cardiovasculaires tels que l’hypertension artérielle, les dyslipidémies, le tabagisme, mais aussi les chirurgies d’ablation de la prostate pour cancer (prostatectomies radicales) ou certaines chirurgies du colon/rectum.

Nous pouvons aussi citer l’implication de certains médicaments qui peuvent générer ou accentuer la DE tels que certains anti-hypertenseurs ou psychotropes, et certaines circonstances psychologiques comme l’anxiété de performance, fréquente, ou des évènements de vie (nouvelle rencontre, perte d’un emploi…).

Quel lien existe-il entre les maladies cardiaques et les troubles de l’érection ?

Il existe un lien clairement établi entre la dysfonction érectile et l’existence d’un terrain cardio-vasculaire pouvant exposer ces patients à des évènements cardio-vasculaires tels qu’un infarctus du myocarde ou un accident vasculaire cérébral (AVC). De plus, il s’agit d’un potentiel indicateur ou signal d’alarme prédictif de ce type d’évènements selon plusieurs études, en étant parfois le témoin d’une coronaropathie silencieuse.

Dans certains cas, chez des patients présentant des facteurs de risque cardio-vasculaire, la DE est un marqueur de maladie endothéliale avec en conséquence, des anomalies de la paroi des vaisseaux et la diminution de l’afflux sanguin notamment au niveau du pénis, mais aussi potentiellement au niveau du cœur ou du cerveau.

Comment se fait le diagnostic ?

Le diagnostic de la DE est fait simplement à l’interrogatoire et à l’aide d’un questionnaire simplifié (IIEF-5). Un bilan biologique comportant notamment une glycémie à jeun, un bilan lipidique, et un dosage de la testostéronémie est nécessaire afin de rechercher des causes ou facteurs de risque associés.

Des conseils à l’endroit des hommes?

En cas de trouble érectile persistant, il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin traitant et/ou aux professionnels de santé concernés (diabétologue, cardiologue, urologue…)
Cette démarche permettra de mener vers un diagnostic, de faire les explorations adaptées sur le plan érectile mais aussi sur un plan plus global et notamment cardio-vasculaire.

Des traitements existent, du traitement oral à l’implant pénien dans certains cas, en passant par le vacuum ou les injections intra caverneuses ,sans négliger l’approche psycho-sexologique qui peut être importante dans certaines situations.

Cette prise en charge pourra, en plus d’apporter un diagnostic et une prise en charge adaptée de la dysfonction érectile, permettre le dépistage d’éventuels facteurs de risque cardio-vasculaire ou une pathologie coronarienne associée.

Madina Belemviré 

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