Journée mondiale de l’hygiène menstruelle: il faut lever le tabou

Depuis 2014, le monde entier célèbre chaque 28 mai, la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle. Cette année, cette célébration a lieu a un mois de la tenue du Forum Génération Egalité organisée ONU FEMME qui se tiendra à Paris (30 juin au 2 juillet 2021) pour dresser le bilan des progrès accomplis 25ans après la 4eme conférence mondiale sur les femmes et de l’adoption de sa portée historique (la Déclaration de Pékin). Parmi les stratégies visant a supprimer les obstacles systémiques qui empêchent les femmes de participer de manière égale à tous les domaines de la vie, il ya la Gestion de l’hygiène menstruelle.
Tout savoir sur la gestion de cette hygiène menstruelle avec le Dr Josiane Ouédraogo, gynécologue Obstétricienne, Experte en Santé Sexuelle et Reproductive. Dr Ouédraogo est aussi la Présidente de l’association Genit Care Africa (GCA), créé en 2019 à l’initiative d’un groupe de professionnels désireux de stimuler le militantisme, l’implication et l’engagement des acteurs en faveur des droits sexuels et reproductifs.

Pourquoi une journée mondiale de l’hygiène menstruelle ?

La journée est célébrée dans le but de sensibiliser et de changer les stigmates négatifs et les normes entourant la menstruation et l’hygiène menstruelle. C’est pour que toutes les femmes, jeunes et moins jeunes, se sentent habilitées à gérer leurs règles avec confiance, hygiène et sans aucune gêne.

Que faut il pour une bonne hygiène menstruelle ?

Il existe trois étapes essentielles pour garantir une bonne gestion saine de l’hygiène menstruelle:

•Briser le silence: comprendre que les règles sont une réalité de la vie et une caractéristique biologique féminine distincte dont les filles et les femmes doivent être fières et non honteuses. On encourage les filles à parler et à discuter d’une manière positive et réfléchie pour se préparer émotionnellement et physiquement à la ménarche puis aux périodes de menstruations qui reviennent chaque mois.

•Gérer la menstruation de manière hygiénique et sûre: la garantie d’une eau adéquate, des produits pour se nettoyer et se laver et des espaces privés pour gérer les flux menstruels de façon hygiénique et intime mais aussi la douleur et/ou les problèmes liés à la dignité, à la maison comme dans les lieux publics.

•Réutiliser et éliminer de façon sûre les déchets menstruels: garantir des mécanismes permettant une réutilisation, une collecte et une élimination des déchets menstruels dignes dans un environnement sûr.

Pourquoi cette journée a-t-elle lieu le 28 mai? 

Le choix du 28 mai pour célébrer cette journée n’est pas anodin. En effet, le 28e jour du mois a été choisi car un cycle menstruel dure en moyenne 28 jours. Le mois de mai est quant à lui le 5e mois de l’année, ce qui correspond au nombre de jours moyen de la durée des règles.

Avez-vous un message à l’occasion de cette journée ?

Selon les différents contextes sociaux et culturels, la menstruation suscite la gêne car elle est associée à la sexualité et à la reproduction; la honte car les filles sont incapables de la gérer efficacement, et l’exclusion car on fait l’amalgame avec l’impureté. Il ya parfois même une intériorisation de la douleur souvent considérée comme « naturelle » pouvant provoquer de gros retards de diagnostic de maladies (ex Endométriose).Cela entrave la capacité des filles à s’occuper de leurs activités quotidiennes, fragilise leur estime et leur confiance et pose les bases d’un comportement ne favorisant que très peu la santé.

La gestion des menstruations doit figurer en meilleure place sur la liste des priorités des programmes de santé pour obtenir les changements nécessaires des normes sociales et institutionnelles. Il faudra en plus impliquer les hommes (codons de la bourse) ainsi que les programmes des ministères de l’éducation /alphabétisation de base, ministère de la femme, ministère de l’eau et de l’assainissement, ministère de l’environnement… Une mauvaise gestion de l’hygiène menstruelle peut donc être un frein à l’éducation, un frein à l’autonomisation de la femme, un frein au droits humains; un polluant de l’environnement ( toutes ces serviettes souillées dans la nature)…

L’OMS prône le droit des filles à grandir dans un contexte où la menstruation est considérée comme normale et saine, où toutes sont bien informées, ont accès à des produits hygiéniques et reçoivent l’aide dont elles ont besoin.
Afin que cela s’étende à plus grande échelle, il faut des programmes à long terme, une bonne gestion et des investissements. Les chefs de gouvernements et les parlementaires ont un rôle crucial à jouer. Bref, la menstruation doit devenir l’une de leurs priorités.

En rappel, le Burkina Faso porte la coalition N3 qui est le droit à disposer de son corps et les droits à la Santé Sexuelle et Reproductive

Madina Belemviré